À Manhattan, un appartement de 400m2 dans le gratte-ciel le plus étroit au monde

Au 35e étage de la nouvelle tour Steinway (inaugurée en 2021), en plein cœur de Manhattan, le studio de design d’intérieur Husband Wife a aménagé un luxueux appartement aux vues époustouflantes sur Central Park dans un style raffiné, éclectique et sans prétention.

Au 111 West 57th Street, face au poumon vert de New York, se dresse un gratte-ciel d’une finesse remarquable, la tour Steinway. Cet immeuble résidentiel ultra-luxueux haut de 435 mètres (le deuxième plus grand au monde dans l’hémisphère ouest) partage ses fondations avec le Steinway Hall, ancienne salle de concert et de vente de Steinway & Sons, désormais classée monument historique. Sur l’ensemble du 35e étage (deuxième commande du promoteur JDS Development Group), les deux architectes du bien nommé studio Husband Wife signent l’aménagement d’un appartement de haute facture aux volumes imposants – 400 mètres carrés, 3,6 mètres de hauteur sous plafond. Brittney Hart et Justin Capuco se sont ingéniés à faire dialoguer le design avec le bâtiment et les vues sur Central Park et la pointe sud de Manhattan. « Nous avons été fascinés et très influencés par le Steinway Hall, espace Art déco magnifiquement préservé dont la traversée offre une expérience hors du commun, très romantique et cinématographique », racontent-ils. 

Un intérieur raffiné et accueillant

Dans ce luxueux cadre de vie, « l’appartement de la tour Steinway » fait la part belle au raffinement et au confort. Un intérieur à l’atmosphère mondaine et cosmopolite inspiré d’un couple mythique du cinéma, Cedric Gibbons, célèbre chef décorateur à la Metro Goldwyn Mayer, et l’actrice mexicaine Dolores del Rio, dont la demeure hollywoodienne de style Art déco reflétait l’approche à la fois sophistiquée et décontractée que les architectes souhaitaient donner au projet. Dans ce discret hommage, ils se sont concentrés sur des matériaux élégants et pleins de caractère, tels les surfaces laquées noires, le bois d’eucalyptus verni, le bronze, le verre fondu, le raphia et la toile de ramie. Pour apporter de l’intimité à ces grands volumes, le duo a recréé des « pièces dans les pièces », notamment à travers le travail des plafonds : « Nous y avons créé des incrustations subtiles de feuilles d’or blanc, et intégré dans la structure des étagères murales qui encadrent les espaces », précisent-ils. 

Une place à l’inattendu

Après avoir posé ce cadre à l’esthétique forte, le studio à la sensibilité joueuse a distillé une myriade de détails surprenants pour créer un projet sophistiqué sans être pour autant prétentieux. Des appliques circulaires se révèlent notamment dans la tête de lit de la chambre master, un meuble-bar se cache dans la structure en bois du canapé, ainsi qu’un vase intégré dans l’étagère en loupe de noyer de l’entrée. « Nous faisons toujours une place à l’inattendu. Nous laissons les nombreuses pièces et objets évoluer au fil de la découverte. La spontanéité donne vie au projet d’une manière imprévisible – pour nous, c’est le côté poétique du design. Amusons-nous ! », s’enthousiasment les co-fondateurs. 

Références historiques et modernité

Dans cet écrin, Husband Wife fait dialoguer les époques et les styles avec un grand sens de l’équilibre. « Nous aimons superposer des pièces de différentes époques et origines. C’est important pour définir les espaces et créer une ambiance », explique Brittney Hart. Le passé, le présent et le futur s’y mêlent avec fluidité, comme si cet intérieur avait été aménagé au fil du temps. « Dans notre approche du design, il y a un côté spontané qui se nourrit de la vie. Nous cherchons à créer des espaces bien étudiés et chaleureux, mais aussi évolutifs et pensés pour le long terme. » Aux meubles conçus par le studio de design d’intérieur dans l’esprit des années 1930 sont associés des pièces vintage dont certaines empruntent aux décors de films de science-fiction que le couple aime tant, de l’artisanat africain et d’objets issus du monde entier, ainsi qu’une importante collection d’œuvres d’art réunie grâce au concours de la curatrice Valérie Cueto (Cueto Art Advisory). En mariant la géométrie des formes et la richesse des matériaux de l’Art déco, les lignes futuristes du design Space Age et de pièces des années 1970 et 1980, les architectes designers proposent une interprétation à la fois sérieuse et ludique des espaces. 

Perspectives et sens de l’équilibre

Dans ce projet né d’un échange fécond entre les créateurs, Husband Wife a instauré un dialogue constant avec les vues extérieures, telle la couleur des canapés du salon répondant aux détails Art déco du toit de l’Hôtel Barbizon-Plaza, ou encore les murs crème en clin d’œil à la façade. Chaque espace célèbre une géométrie sophistiquée et une décoration à la fois nostalgique et futuriste à travers un prisme new-yorkais contemporain. « Le design apporte une pointe de tension en ce qu’il intègre des références historiques tout en apportant de la modernitéNous voulons une dualité dans tout ce que nous faisons. La nuance plutôt que le dogme », affirme le couple, qui revendique une approche à la fois moderne et post-moderne du design.

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Rivedroite Paris, fer de lance d’une mode durable, éthique et solidaire

Fondée en 2016 par Aurélie Jansem, Sofia Buron et Yasmine Auquier Buron, Rivedroite Paris est une marque de mode 100 % écoconçue qui vise à faire bouger les lignes dans l’industrie de la mode.

« Au durable de devenir le nouveau standard de la mode » : telle est la vision de Yasmine Auquier Buron, cofondatrice de Rivedroite Paris. Les sacs et accessoires de la marque eco-responsable sont à la fois mixtes et intemporels. Pour proposer une mode à fort impact social et environnemental, ils sont également fabriqués à partir de matières premières recyclées ou upcyclées, par des couturiers en réinsertion. « Nous avons voulu concilier nos exigences environnementales et nos engagements sociaux en faveur d’un modèle de production éthique », explique Yasmine Auquier Buron.

« Il faut changer le système »

C’est au Maroc que Rivedroite Paris se fournit en matières premières auprès de marques et d’usines de prêt-à-porter et les transforme sur place. « Nous upcyclons du denim, du velours côtelé… Quand ce n’est pas possible, nous recyclons. Nous avons aussi développé notre propre coton recyclé car cette matière naturelle constitue un terrain de jeu créatif sans limite », détaille la dirigeante.

Les modèles sont confectionnés à Casablanca par des couturiers expérimentés, autrefois en situations professionnelles précaires. Rivedroite leur offre un accompagnement pour créer leur propre atelier à travers un programme de micro-crédit, d’assistance administrative, d’accès à de la formation et à une protection sociale. « En les aidant à retrouver un emploi stable et une autonomie financière, l’idée est de leur insuffler l’esprit entrepreneurial pour qu’ils prennent leur destin en main ».

Autres particularités de la marque : elle fonctionne sans stock et ne propose pas de remise client. « Nous ne gonflons pas les prix avant de faire des soldes et pensons qu’il faut changer ce système », affirme-t-elle. Les cofondatrices organisent tout de même des braderies solidaires, afin de soutenir le travail d’associations qui œuvrent sur le terrain en faveur de l’environnement, de la réinsertion professionnelle et contre la violence faite aux femmes.

« Nous aidons d’autres marques à entrer dans le monde du durable »

Membre de La French Touch, l’entreprise fabrique également pour d’autres acteurs du monde de la mode. « Nous aidons d’autres marques à entrer dans le monde du durable en co-créant des produits et/ou des cadeaux d’affaires », explique Yasmine Auquier Buron. Les cofondatrices accompagnent également de jeunes créateurs d’entreprise à lancer leur projet et à le développer. Un soutien dont elles auraient aimé bénéficier au lancement de leur marque. « Si je devais refaire Rivedroite, je prendrais le temps de demander des conseils et d’être mentorée », précise-t-elle.

Aujourd’hui, l’entreprise soutenue par Bpifrance poursuit son développement autour de trois axes : l’innovation dans la recherche de nouvelles matières durables, le renforcement de sa chaîne d’approvisionnement en déployant le réseau de couturiers et en digitalisant le système et l’accélération de sa présence sur les écosystèmes digitaux.

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Au Brésil, une luxueuse maison d’architecte ouverte sur la nature 

Au cœur de la forêt atlantique, dans l’État de São Paulo, cette maison de vacances aux lignes simples et aux volumes imposants est l’œuvre de l’architecte et designer brésilien Guilherme Torres. 

À une centaine de kilomètres de São Paulo, se trouve un petit paradis de verdure pour les amateurs de calme et d’un lien retrouvé avec la nature. Pour un couple et ses deux adolescents, Guilherme Torres a conçu cette maison de campagne comme une invitation à la détente et à la contemplation, loin du tumulte d’une des villes les plus peuplées au monde. Cette famille, qu’il compte parmi ses clients depuis dix ans et dont il a conçu la première maison, lui a donné carte blanche. « Je ne voulais pas d’une maison traditionnelle, c’est pourquoi la Jatobá House est totalement ouverte sur la nature environnante. C’est comme si on vivait au beau milieu d’un jardin. L’idée est d’y vivre une vie saine, joyeuse et durable en communion avec la nature », explique l’architecte, qui s’est appliqué à explorer l’extérieur et la lumière naturelle, soulignant la relation entre architecture et paysage. « On y ressent profondément les saisons. L’idée est d’explorer le meilleur du Brésil : comme on peut avoir les quatre saisons dans la même journée ici, l’idée était de créer un équilibre. On peut tout ouvrir lorsqu’il fait très chaud, puis utiliser le séjour comme un jardin d’hiver et fermer les fenêtres à la nuit tombée quand les températures dégringolent ». Les jours de pluie, les stores intégrés apportent une ambiance plus cosy.

Terre battue, bois brut et basalte

Adoptant les volumes typiques des résidences brésiliennes contemporaines, cette spacieuse maison se déploie en cinq grands édifices cubiques blancs, dont chacun a été aménagé comme une suite indépendante afin d’offrir confort et intimité à chaque membre de la famille. La Jatobá House s’inscrit dans le plus grand respect de la nature, omniprésente dans les matériaux, les couleurs et les textures. Attentif à l’empreinte écologique de ses constructions, l’architecte a fait la part belle à trois matériaux – la terre battue, le bois lamellé croisé et le basalte – et n’a utilisé que des matériaux locaux « car c’est ce qu’il y a de plus durable ». Un long mur en terre battue, constitué de sable provenant du site même, a été érigé tout autour de la maison selon une technique millénaire. « J’ai choisi de la terre pour créer ce mur monolithique qui fait partie intégrante de la structure », explique Guilherme Torres. L’architecte a remplacé le béton, qui forme habituellement la dalle et structure les constructions, par du bois brut. La structure des murs des édifices est dénuée de poutre, toute l’infrastructure ayant été construite en bois lamellé croisé (qui se présente sous la forme d’un panneau constitué de plusieurs couches de bois croisées à haute température et collées entre elles). Alimentée à l’énergie photovoltaïque, cette maison est ponctuée de bassins de rétention d’eaux pluviales accueillant des poissons. Son sol est entièrement recouvert de fragments de basalte, un matériau prédominant sur la Lune. En résulte « une sensation de flottement comme sur un sol lunaire, avec un sentiment de calme, loin de toute civilisation ». 

Plaisir et dépaysement 

Suivant un principe d’« intégration totale », le séjour se compose d’une salle à manger et d’un salon séparé par un large comptoir multifonctions recouvert de granit flammé. Guilherme Torres a conçu le salon TV dans une pièce en contrebas, aménagée avec un grand canapé composé de futons. « Cela me rappelle mon enfance. On a une sensation différente quand on est en-dessous du niveau du sol. Nos perspectives changent. Je trouve ce principe très amusant ! », explique-t-il. L’architecte a également aménagé une aire de loisirs comprenant un sauna, un spa, ainsi qu’une piscine sur trois niveaux surmontée d’une cascade. Chacun de ces espaces bénéficiant de vues privilégiées sur la nature dans sa plus simple expression. 

Mobilier d’auteur et œuvres d’art indigènes

L’ensemble du mobilier est signé de pièces d’auteurs, les deux pièces maîtresses étant la table Supernova et la chaise Orbe issues de la collection Orbe de Guilherme Torres. « Je savais qu’elles s’adapteraient parfaitement à la maison. J’ai dessiné la plupart des pièces – elles font partie de ma collection permanente mais j’ai appliqué une texture ou des proportions particulières. J’ai un peu tout redessiné, c’est quelque chose que j’adore faire ! ». Guilherme Torres a sélectionné d’autres pièces de designers brésiliens, ainsi que des œuvres d’art réalisées à la main par des indigènes pour créer des compositions uniques, qui se marient aux couleurs et aux matériaux bruts comme le bois rustique et la brique. « J’adore la simplicité de ces œuvres faites par des Indiens. J’aime les mettre en valeur, c’est important pour moi », affirme l’architecte, épris de cette maison dont il est très fier.

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Face au parc Monceau, un appartement haussmannien aux accents Art déco

Dans un appartement haussmannien aux grands volumes et aux touches Art déco donnant sur le parc Monceau, l’architecte et designer Pierre Lacroix a créé pour une famille un décor riche et épuré dans un style intemporel. 

Dans cet appartement de 230 mètres carrés attenant au parc Monceau, le temps avait fait son œuvre depuis une petite centaine d’années. L’architecte et designer Pierre Lacroix s’est vu confier la mission de rénover cette « très belle coque riche d’une histoire intérieure » pour un couple et ses deux enfants. Il s’agissait d’un intérieur « haussmannien, tout ce qu’il y a de plus classique » avec de grands volumes (3,80 mètres de hauteur sous plafond) et un salon Art déco réalisé dans les années 1930 par un homme politique qui y avait établi son bureau. 

« Nous avons défini le projet en partant de l’existant. Les caractéristiques historiques de cet appartement nous ont beaucoup guidés dans le choix des lignes », Pierre Lacroix.

Des échos à l’histoire du lieu 

Pierre Lacroix s’est attaché à « valoriser tous les éléments historiques » déjà présents dans cet appartement, qui n’avait pas été rénové depuis soixante ans. Témoins d’un riche passé, les doubles portes en loupe de noyer du salon, le trumeau de la salle à manger, les cheminées, miroirs, boiseries et fresques ont été restaurés afin de leur redonner leur lustre d’antan. Pour sublimer cet écrin, l’architecte a privilégié des matériaux naturels : des pierres, des essences de bois et un peu de marbre. Teintes et patines se répondent subtilement. Ainsi, le chêne teinté de la cuisine rappelle le trumeau dans la salle à manger, quand le bouleau teinté, qui revêt les meubles dessinés dans l’enfilade du salon et la tête de lit de la chambre master, fait écho aux portes en loupe de noyer du salon. 

Des lignes intemporelles

Pierre Lacroix a retravaillé le plan de cet appartement pour le rendre lisible. Il a notamment recréé une enfilade et une perspective sur le parc avec un bureau en bois, un salon télé, le salon et la chambre master, créant des percées pour apporter de la lumière et déplaçant des portes. Alors que la chambre et la salle de bains étaient à l’opposé l’une de l’autre dans l’ancienne configuration, l’architecte a recréé un espace master en déplaçant la chambre à laquelle il a annexé une salle de bain, derrière des portes de part et d’autre du lit. 

De grands volumes plus chaleureux

À chacune des pièces de cet appartement, toutes dotées de beaux volumes, Pierre Lacroix a redonné une échelle plus petite pour rendre les espaces confortables. Son travail sur le mobilier, qu’il a en partie dessiné, et sur l’éclairage, dont les imposantes suspensions (1,80 mètres de diamètre) provenant d’un vieux cinéma des années 1930, qui prennent place dans le salon et la salle à manger, y a largement contribué. « Ces suspensions aux dimensions assez rares, que j’avais repérées depuis longtemps, habillent le haut de ces deux pièces et apportent beaucoup de chaleur à l’appartement. » À une palette essentiellement composée de blancs et de beiges, il a ajouté des touches de couleurs chaudes – rouge, orange et ocre – afin d’accentuer cette atmosphère chaleureuse. 

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Aménagement de la cuisine : les architectes d’intérieur nous inspirent

Élégante et raffinée, épurée et intemporelle ou graphique et colorée… La cuisine brille de mille feux sous la houlette des architectes d’intérieur. Trois d’entre eux nous expliquent leurs partis pris pour aménager cet espace de partage qui suscite l’engouement depuis plusieurs années. 

Une cuisine chaleureuse au cœur de la maison

Conçue comme un lieu vivant et chaleureux, la cuisine s’est imposée depuis quelques années comme la pièce maîtresse de la maison. Désormais, on s’y retrouve en famille autour du petit déjeuner ou du dîner, on y travaille, on y reçoit ses proches… Sous l’influence d’Anne-Sophie Pailleret, la cuisine est souvent replacée au centre du plan, totalement ouverte ou travaillée avec des claustras translucides mobiles. Traitée avec le même raffinement que les autres pièces, elle devient un « salon culinaire » placé sous le signe du confort et de la convivialité. Décoration amusante ou poétique.

 « D’un point de vue esthétique, la cuisine peut être un lieu d’expression ou de contemplation autant que le salon ou la chambre », Anne-Sophie Pailleret 

Une palette de teintes chaudes allant du rose au terre cuite, en passant par les caramel et orange confite s’y invite aisément, convoquant la cuisine du méridionale, les épices et les plats mijotés. Dans la continuité de l’univers créé, la décoratrice aime tisser des liens esthétiques avec les autres pièces à travers des jeux de matières et de couleurs, mais aussi des œuvres (photographie, tableaux, sculptures…) et objets d’art soigneusement sélectionnés. Sans oublier les appliques, variateurs et lampes à poser qui apportent une lumière tamisée, complémentaire à l’éclairage technique. « L’accessoirisation d’une cuisine a toute son importance : elle apporte du raffinement et de l’harmonie avec le lieu », souligne-t-elle. Les jeux de reliefs, les effets de matières et une myriade de détails précieux qui ne se révèlent pas immédiatement composent les intérieurs raffinés conçus par Anne-Sophie Pailleret

« Les clients veulent souvent que leur cuisine ne ressemble en rien à une cuisine et soit conçue comme une pièce de vie », renchérit l’architecte d’intérieur Fleur Delesalle. Hotte et petit-électroménager camouflés, appliques décorative comme dans un salon… De fait, l’usage dicte beaucoup la forme, les hauteurs des plans, des îlots… Au cœur de cette pièce centrale, l’îlot, symbole de convivialité, n’est selon elle pas prêt de disparaître. « C’est là que tout se passe ! »

Marbre, bois, granit et verre églomisé

Fleur Delesalle recommande les matériaux naturels et pérennes, sourcés en France ou en Europe – écologie oblige. La pierre, le bois(à condition de favoriser des chaînes d’approvisionnement courtes et des placages français), mais aussi la pierre de lave émaillée, un matériau « magnifique avec son aspect craquelé et intemporel », idéal pour un plan de travail car très résistant aux tâches et à la chaleur. Lassée du terrazzo, du travertin et des carreaux de ciment, elle proscrit également les matières plastiques comme le Corian. Cette adepte de l’épure, sensible à toute « pollution visuelle », « choisi[t] toujours très peu d’objets avec le plus grand soin » – quitte à opérer une rotation avec d’autres objets remisés dans les placards.

« Mes projets sont plutôt colorés mais peu chargésOù que mon œil se pause, je veux que ce soit beau », confie la créatrice.

Avec Anne-Sophie Pailleret, la cuisine se pare des matériaux les plus précieux pour peu qu’ils soient waterproof : cuirs, bois, métaux précieux (travaillés, brossés, ciselés, gravés, martelés), verre (décoré, peint), opaline… outre les marbres, céramiques, cannages et tissus. « Être capable de prendre des risques est le luxe ultime », déclare-t-elle. 

Couleurs et effets graphiques

« Il n’y a rien de pire que de s’ennuyer en faisant un choix qui ne nous plaît pas totalement. La cuisine, il faut la vivre à fond ! », s’enthousiasme Hugo Toro. Amoureux de la couleur et des partis pris forts, l’architecte d’intérieur se plaît à jouer des contrastes entre les matières, comme une pierre ou un marbre graphique d’un côté, et une matière « plus brute » de l’autre, comme du bois texturé, scié ou du métal patiné, révélant des stigmates. « Cette pièce ayant un côté pictural, j’aime y faire des choix assez marqués : des éléments à différentes hauteurs, des céramiques, des épices, de beaux couteaux… »  Plutôt que de camoufler la cuisine, il préfère rendre visibles les outils et le côté technique, « comme un bâtiment mis à nu ». Avant de rappeler l’importance du contexte chaque fois particulier : « On peut dessiner une cuisine bijou, mais il faut avant tout la penser comme un lieu vivant. Comme un sac à mains, la cuisine est le reflet d’une personne Même si on ne cuisine pas beaucoup, on peut s’y poser, y mettre des objets, un beau présentoir…. » 

« La cuisine est un endroit où l’on peut vraiment s’exprimer – jusque dans une poignée, qui apporte du caractère en plus de la praticité », ajoute Hugo Toro, pour qui on y sous-estime souvent le rangement. Couteaux hérités en corne ou en argent, planches en bois marquées de coups, épices, verrerie…

« L’âme de la cuisine se fait aussi par le contenu des tiroirs », Hugo Toro.

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Aux Batignolles, la maison d’une collectionneuse autour d’un jardin japonisant

Dédié à la création de mobilier d’art, le studio Ymer&Malta revisite le patrimoine français en repoussant les limites de la création contemporaine. La co-fondatrice et directrice artistique Valérie Maltaverne nous fait découvrir l’écrin de ses collections, dans sa maison du XVIIe arrondissement parisien. 

Dans le quartier parisien des Batignolles, la co-fondatrice du studio Ymer&Malta accueille dans son showroom, au rez-de-chaussée de sa maison, clients et visiteurs – tous « amoureux du beau travail ». On y contemple ses pièces d’exception, élégantes et poétiques, comme de véritables œuvres d’art. « Ici, on travaille toutes les couleurs, on fait le montage. C’est aussi un lieu où l’on reçoit », indique Valérie Maltaverne. Le soir venu, cet étage entièrement composé de pièces d’Ymer&Malta redevient un lieu de vie familiale, à laquelle les trois niveaux supérieurs sont dédiés. Portée par la recherche de l’excellence, cette autodidacte s’est toujours intéressée aux matériaux et aux savoir-faire : « Il y a quelque chose de très concret dans les arts décoratifs. Cela demande une exigence totale », explique-t-elle. Entre héritage et innovation, ses pièces de mobilier font déjà partie du patrimoine : sur la centaine de pièces produites par Ymer&Malta au cours de la dernière décennie, une soixantaine ont été exposées par des musées et 26 ont rejoint les collections permanentes du Musée des Arts Décoratifs de Paris, du Centre National des Arts Plastiques ou encore du Centre Pompidou

Une approche inédite des arts décoratifs

Valérie Maltaverne a toujours été à l’origine de ses productions. « Je donne l’idée », dit-elle. Cette ancienne productrice dans le cinéma et la télévision, passée par le dessin animé (elle a produit les contes de fée revisités par 26 auteurs de bande dessinée, primés « meilleure série d’animation » au Cartoon Forum et nominé aux Emmy Awards), n’a de cesse d’innover dans les savoir-faire qu’elle aborde. En tant que pionnière dans la modernisation et la rénovation des savoir-faire français, Valérie Maltaverne fait souffler un vent nouveau sur les arts décoratifs, à commencer par une manière inédite de travailler. Inspirée de son ancienne carrière, elle tient les rôles tout à la fois de productrice et de réalisatrice, proposant pour chaque pièce un scénario, s’appliquant à « bien faire jouer » les designers et veillant à la bonne mise en œuvre technique par les artisans d’art, sans jamais perdre de sa ténacité. 

« Le cinéma est une très bonne école pour comprendre qu’il faut un scénario et ne jamais lâcher – ni sur la beauté de la pièce ni sur le savoir-faire, pour l’emmener là où vous voulez allez », Valérie Maltaverne

Un regard neuf sur les matériaux

Impossible n’est pas pour Ymer&Malta. Valérie Maltaverne ne cesse de repousser les limites techniques et esthétiques des matériaux. Sous son œil avisé, ils embrassent de nouvelles formes d’expression : le marbre devient « poids plume », la marqueterie est revisitée, la tapisserie quitte sa muralité pour s’exprimer tout en volumes sur une pièce de mobilier… Dans chacun de ses projets, l’innovation est reine, grâce au concours des meilleurs artisans, sans cesse mis au défi. « Il nous faut toujours les meilleurs artisans et les compétences les plus pointues dans tout ce que l’on fait », souligne-t-elle. En hommage aux traditions artisanales et à l’art de vivre qu’elles représentent, Ymer&Malta travaille à les faire entrer dans notre époque. Quand elle créé une lampe pour le musée Noguchi, Valérie Maltaverne insiste pour faire une pièce en résine sans joint – ce que tout le monde estime impossible puisqu’elle est moulée. La solution ? Le rotomoulage. « On trouve toujours la solution », dit-elle.

« J’emmène le patrimoine dans le XXIe siècle : c’est ce qui me passionne »

Un travail d’équipe tourné vers l’excellence

Longs allers-retours sur le dessin, recherche et expérimentations sur le bon matériau qui s’adapte à la pièce, maquettes et prototypes rythment le processus créatif à quatre mains avec le designer puis l’artisan. « On est capable de recommencer un dessin pendant un an jusqu’à ce qu’il soit parfaitAvec ma culture du cinéma, je peux travailler pendant trois ans sur un seul et même sujet, emmener les choses là où on ne les a jamais vues et avoir cette proximité avec les artisans – aller les voir dans leur atelier me passionne », raconte la directrice artistique, particulièrement investie dans l’ensemble du processus créatif. Après avoir créé une collection autour du marbre et de la marqueterie, elle a la chance d’être repérée par la Cité Internationale de la Tapisserie : « Ils avaient bien compris qu’un designer n’arrivait pas seul à ce genre d’excellence et à un dessin aussi abouti. Ces échanges permanents permettent à tout le monde de progresser. » Cinq ans ont été nécessaires pour créer la collection autour de la tapisserie d’Aubusson – un travail inédit dans les arts décoratifs. 

Des musées aux particuliers

Outre son travail muséal, Valérie Maltaverne réalise des pièces de mobilier sur mesure pour des particuliers – collectionneurs et amoureux du savoir-faire français. Ainsi, elle créé dans de « très, très belles maisons » des univers raffinés et élégants propices à la contemplation. « Chez Ymer&Malta, rien n’est jamais bling-bling. C’est de l’art ! » 

44 rue la Condamine, 75017 Paris (uniquement sur rendez-vous, entrée libre le jeudi entre 10h et 19h), https://www.ymeretmalta.com 

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Comment Joseph Dirand a signé le décor des plus beaux restaurants de Paris

Inscrits au cœur de musées parisiens, Monsieur Bleu, Loulou et Girafe comptent parmi les plus beaux restaurants de la capitale. Pour AD, l’architecte Joseph Dirand revient sur l’aménagement de ces trois projets dans des écrins d’exception.

Joseph Dirand a le chic pour décorer les restaurants les plus en vue de Paris : Monsieur Bleu au Palais de Tokyo (depuis 2013), Loulou au Musée des Arts Décoratifs (depuis 2016) et Girafe au Palais de Chaillot (depuis 2018). S’attaquant un à un aux poids lourds des monuments parisiens (avec Gilles Malafosse et Laurent de Gourcuff), il y sème tout une panoplie de références, « plutôt classiques », qu’il réinterprète à sa guise. « Nous avons la chance de travailler dans des bâtiments extraordinaires. L’idée n’est pas de créer des lieux fantaisistes comme une performance éphémère, mais plutôt de s’inscrire avec respect dans l’histoire d’un édifice et de lui rendre hommage par un dialogue fécond, tout en apportant un sentiment de bien-être dans un esprit presque résidentiel. » Le style Joseph Dirand ? « Minimal ornemental, même s’il évolue vraiment en fonction des lieux et des contextes ». Si son travail de fondation est d’une grande sobriété, son architecture est peu à peu devenue bien plus ornementale et chaleureuse, flirtant avec un style Art déco revisité.

« Plus qu’un décor, il s’agit de créer une émotion participant à l’expérience d’un lieu »

Monsieur Bleu, le dandy des années 1930 

Pour sa première expérience de restaurant, l’architecte à la tête de son agence depuis 15 ans a mis sa patte dans le Palais de Tokyo, un de ses bâtiments préférés à Paris (« J’adore ses colonnades mélangées de formes arrondies, les portes sculptées en bronze, les bas-reliefs… », confie-t-il). Cet espace monumental s’est offert à lui dans des proportions magnifiques – 900 mètres carrés avec 9 mètres de hauteur sous-plafond –, alors tout en béton. Ne disposant d’aucune image d’archives pour l’aider à en structurer la composition (ce palais construit en 1937 pour l’Exposition Universelle n’a presque pas été utilisé à l’époque), Joseph Dirand s’est inspiré de l’architecture viennoise, « assez radicale ». Il a ainsi travaillé sur des formes rigides : structures en marbre vert accueillant les banquettes en velours, quadrillage au sol comme une trame dans l’esprit de l’architecture des années 1930, ligne d’horizon à hauteur des yeux pour donner une perspective, cannelures verticales qui accentue l’effet de hauteur, plafond noir et murs blancs inspirés d’Adolf Loos, luminaires signés Michel Boyer inondant l’espace d’une douce lumière… Et recréé des sous-espaces, notamment des alcôves et un bar central en laiton doré.

« Monsieur Bleu a été un projet complètement fascinant, un vrai symbole », se souvient-il.

En accordant autant de soin à la décoration et à l’ambiance qu’à l’assiette, ce restaurant a bousculé les codes. Un lieu iconique qui a réveillé Paris, où les genres et les âges se mélangent aujourd’hui dans l’esprit de la brasserie« Quand j’ai vu l’impact que mon travail d’architecte pouvait avoir sur les gens, cela m’a complètement passionné. Nous avons eu envie de continuer. »

Loulou, l’appartement de collectionneur

Après l’éclatant succès de Monsieur Bleu, le diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville s’est vu confier la décoration du restaurant du Musée des Arts Décoratifs. Loin du gigantisme du premier établissement, ce projet prend place dans un lieu non moins « magique » : le Musée du Louvre (« la maison de la culture »). Pour contrebalancer ces volumes plus réduits, Loulou a été conçu dans l’esprit d’un appartement de collectionneur. Il a pris le parti de décorations très chargées, différentiées selon les deux étages.

« Loulou est très décoratif. Ce qui est très intéressant dans mon métier, c’est que je dois me mettre à chaque fois dans la peau de quelqu’un pour inventer un caractère. »

Chez Loulou, Joseph Dirand a superposé des éléments décoratifs inspirés notamment de Serge Roche, dans un savant mélange des genres : meubles de Saarinen, peintures et cannages muraux, sols en marbre noir et blanc, jeux de miroir, banquettes aux piètements en bronze en forme de coquillages… Comme un hommage aux grandes heures des Arts Décoratifs français.

Girafe, l’Art déco réinventé

Deux ans plus tard, l’architecte signe son troisième opus – Girafe – niché dans le Palais de Chaillot aux « volumes spectaculaires ». « Après Loulou, restaurant haut en couleurs qui marie les styles et les détails, nous revenons à un projet très symétrique, selon la construction des plans du bâtiment d’origine », note l’architecte. « L’idée était de travailler sur un espace très chaleureux, tout en bois, qui emprunte au vocabulaire Art déco en apportant un côté sophistiqué » grâce au travail sur les petites lignes de bronze, les inserts de tissus, les banquettes arrondies, les camaïeux de beiges… « Sous l’effet de la lumière, l’espace se teinte d’une couleur miel très agréable », souffle-t-il. Ces détails de bois et de bronze évoquent le style de l’appartement d’Auguste Perret, dans le 16e arrondissement.

« Nous avons travaillé sur un lieu à la fois sensuel et sophistiqué, un peu tiré aux cordeaux. »

Au 9e étage de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, Joseph Dirand a conçu La Suite Girafe quelques années plus tard. Ce « club feutré à la James Bond, aussi chaleureux que masculin », tout en bois foncé, est empreint des mêmes références 1930-40 qu’il aime beaucoup et s’emploie à réinterpréter.

Un nouveau projet en cours au Grand Palais

« J’ai été très fier de m’inscrire à l’intérieur de ces bâtiments », déclare Joseph Dirand. « Si tous ces projets me tiennent tant à cœur, c’est qu’ils m’ont permis d’offrir dans ma ville des lieux ouverts à tous, où les gens prennent du plaisir et se construisent des souvenirs. C’est particulièrement satisfaisant pour un architecte. » Sans oublier les « extraordinaires terrasses » de ces trois restaurants, d’où l’on peut admirer des « panoramas fascinants » sur la ville : l’occasion pour ces lieux branchés de proposer des expériences différentes au gré des saisons.

L’architecte parisien prépare actuellement un nouvel opus au sein du Grand Palais« Je suis très excité à l’idée d’ouvrir une nouvelle adresse, qui racontera une histoire encore très différente tout en faisant partie de la même famille ». Porté par « cette énergie qui fait vivre l’architecture d’une manière indépendante », il se tourne de plus en plus vers des projets de restaurants et d’hôtels. « Il ne restera plus que la Tour Eiffel ! », badine-t-il.

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Dans la Palmeraie de Marrakech, une fastueuse maison de 2 500 m2

Au sein d’une propriété de trois hectares à Marrakech, l’agence Pinto a décoré une maison de quelque 2 500 mètres carrés dans une opulence joyeuse et éclectique. 

Synonyme depuis 50 ans d’un fastueux art de vivre, l’agence d’architecture et de design d’intérieur Pinto signe la décoration d’une grande maison dans la Palmeraie de Marrakech. Bâtie sur deux niveaux dans un style marocain épuré par l’architecte tunisien Charles Boccara, cette demeure appartient à Fahad Hariri, alors client et désormais propriétaire et co-directeur artistique de l’agence. « Nous avions déjà livré sa maison à Londres et sa villa à Ibiza, deux projets réalisés presque à quatre mains avec lui. Architecte de formation et collectionneur, Fahad s’est toujours beaucoup impliqué dans ses projets, avec enthousiasme et exigence. » L’entente « parfaite et immédiate » dès la première collaboration a mené le fidèle client à racheter en 2020 l’agence qu’il connaissait par cœur, lorsque Linda Pinto, frère du fondateur Alberto Pinto, a souhaité se retirer.

Une décoration sur-mesure 

Toujours unique et de haute facture, chaque intérieur Pinto raconte une histoire particulière inspirée de la personnalité, des goûts et du style de vie de leur propriétaire – de prestigieux clients dans le monde entier. Dans ce nouveau projet résidentiel, l’idée était de rendre les codes très orientaux plus discrets et de créer un environnement joyeux et coloré à l’image du Maroc. Les seules contraintes consistaient à y mettre en scène les collections d’arts moderne et contemporain du client, mais aussi à conserver l’ambiance familiale et facile à vivre de cette maison. « Le plus remarquable était la dimension spectaculaire des pièces, qui offraient de grands volumes à décorer et à sublimer. Les matériaux existants étaient de grande qualité, ce qui a facilité notre travail et nous a permis de nous concentrer sur la décoration. »

« Notre signature se caractérise avant tout par le sur-mesure, avec une attention particulière portée au confort et aux détails. Les intérieurs Pinto sont presque toujours joyeux, colorés, éclectiques et généreux. »

Un univers coloré et joyeux 

L’agence Pinto est intervenue pour apporter de la couleur et de la joie à cette maison alors entièrement revêtue dans des tons de beiges, sans toutefois trop appuyer le trait. Elle s’y est attachée par un travail de peinture, avec l’ajout de filets de couleur sur les arrêtes des murs et le rehaut d’éléments architecturaux, puis le choix des tapis et des tissus. La palette étant largement inspirée des couleurs vibrantes et franches rencontrées au Maroc. Chaque chambre a ainsi sa couleur dominante : jaune, bleu, vert, violet… Le grand salon a quant à lui été rhabillé d’un rouge carmin, et la salle à manger parée d’un orange vif. 

« Fahad Hariri est un amoureux de sa maison. Il aime particulièrement y séjourner en hiver pour retrouver un peu de douceur dans ce qu’il considère être un havre de paix. »

Du mobilier vintage mâtiné de quelques touches orientales  

Pour rompre avec le style habituel des maisons marocaines, l’agence de décoration d’intérieur a opté pour des pièces de mobilier vintage des années 1960-70 qui se prêtent bien à la collection d’arts moderne et contemporain de Fahad Hariri. Quelques touches orientales ont été néanmoins conservées pour répondre à l’architecture des lieux. Dans l’ensemble de la maison, les tapis reprennent l’idée des pièces en laines traditionnelles issues de différents bains, créant des variations et des dégradés subtils de couleur. Mais aussi des lanternes, ainsi que des motifs de palmiers déclinés en peinture sur les murs ou en broderie de paille sur des rideaux ou des abat-jours. 

Si quelques adaptations intérieures ont été opérées, l’essentiel du travail structurel réalisé avec l’architecte de la maison a consisté en des adjonctions – un gymnasium, une piscine intérieure et un spa, ainsi que deux gazébos – et le déplacement de la piscine extérieure. Ces extensions ont changé l’allure générale de la maison, complétées par les aménagements extérieurs : le jardin a été ré-arboré par Madison Cox, une orangerie a été créée, ainsi qu’un jardin de cactées et un espace de jeu pour les enfants. « Travailler au Maroc est toujours une immense joie. L’artisanat fantastique qui s’y trouve, la douceur de vivre du pays… C’est un plaisir d’y retourner. » 

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Avenue Montaigne, un duplex comme une maison perchée sur les toits

Pour son premier projet résidentiel, le studio AFTER BACH a aménagé un duplex avenue Montaigne, au cœur du 8e arrondissement de Paris, dans l’esprit d’une maison de ville américaine des fifties. Conçu comme un écrin sophistiqué et moderne, ce pied-à-terre destiné à un client étranger fait harmonieusement dialoguer la matière et le mobilier vintage.

Après avoir créé un flagship pour la chocolaterie Damyel dans le 17earrondissement de Paris, Jessica Berguig à la tête de la galerie JAG, et Francesco Balzano, architecte et designer d’intérieur, signent un nouveau projet d’envergure sous le label AFTER BACH. Dans un immeuble des années 1970 de la prestigieuse avenue Montaigne, le studio d’architecture d’intérieur, né de la rencontre entre ces deux esthètes passionnés de décoration, de matière et d’art, a eu carte blanche pour rénover un duplex de 180 mètres carrés bénéficiant d’une grande terrasse avec vue sur la Tour Eiffel. Inspiré par le film culte de David Lynch Mulholland Drive, le duo créatif a imaginé l’espace comme une townhouse à l’esprit américain, dans une approche très minimale – quasi-japonisante – à l’abri du tumulte parisien. L’appartement aux deux derniers étages a été entièrement restructuré et réaménagé comme « une maison individuelle perchée sur les toits de Paris ». C’est le fil rouge du projet, développé dans un univers-surprise que le client n’a découvert qu’à la toute fin.

« Chaque projet est unique en ce qu’il épouse un lieu et un caractère. Nous nous adaptons à ce que chaque appartement nous raconte de singulier pour créer un univers différent », Jessica Berguig et Francesco Balzano

Une sensation d’espace amplifiée

Le tandem a redessiné les plans afin de proposer deux chambresainsi que la cage d’escalier. On entre dans les lieux par le 5e étage, intimiste. L’entrée, bien nette, dessert la chambre d’invité et sa salle de bain attenante. Puis on emprunte l’escalier, dont la trémie a été modifiée pour redonner de l’espace à l’étage supérieur, qui accueille le salon, la salle à manger, la cuisine, ainsi que la master suite. Arrivé tout en haut, le visiteur est récompensé par la découverte d’un grand niveau baigné de lumière et de son impressionnante terrasse, créant une coursive longeant tout l’étage. Précédemment couverte par une véranda, elle a retrouvé sa destination initiale dans un ingénieux dialogue entre intérieur et extérieur. 

« L’idée était d’agrandir les volumes, d’augmenter les espaces », explique Jessica Berguig

Effets de matières

Le duplex a été conçu dans l’esprit de grands ensembles. Ainsi, le projet s’articule autour d’un trio de matières : la pierre, le bois et des fibres naturelles. « Notre empreinte signaire, souvent minimale, repose sur la matière et l’aspect naturel des choses. Nos partis pris sont à la fois très forts, radicaux mêmes, et très purs », souligne Francesco Balzano. À l’intérieur comme à l’extérieur, l’appartement et sa spectaculaire terrasse sont pavés de pierre française de Massangis de couleur ivoire. « Nous sommes plus sur une approche constructive que décorative », explique le diplômé de Penninghen. Pour rappeler une townhouse, ce duplex est aussi habillé de panneaux muraux réalisés sur mesure en chêne massif, qui accueillent des revêtements en fibres naturelles déclinés dans des camaïeux des verts aux beiges selon les pièces. « On est à la fois sur une continuité, une récurrence du détail, et sur des variations subtiles ». En résulte une atmosphère apaisante et singulière pour un logement parisien.

« Nous avons souvent laissé nos émotions et notre intuition nous guider pour meubler cet appartement. Ce sont beaucoup de pièces coups de cœur », Jessica Berguig.

Mobilier vintage et contemporain

Cette toile de fond épurée, reposant sur des effets de textures, offre une certaine liberté dans le choix du mobilier et des pièces d’art. « C’est très important pour nous de faire une belle curation de mobilier », souligne la collectionneuse instinctive. Pour apporter un effet de contraste, le projet dialogue avec des pièces de mobilier de Jacques Adnet ou George Nakashima, des céramiques de Floris Wubben, et de nombreuses œuvres d’art signées par des artistes et designers contemporains, dont celles de Francesco Balzano – issues notamment de la galerie JAG et de la curation de Jessica Berguig. Son écriture personnelle s’articule autour de pièces coups de cœur et rares, où se mêlent les époques et les codes, afin de susciter une émotion. AFTER BACH a dessiné deux autres projets résidentiels – l’un place Dauphine, un autre avenue Montaigne – qui devraient voir le jour dans les mois à venir.

https://afterbach.com/ https://galeriejag.com / https://francescobalzano.com

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Voici les couleurs tendance que l’on verra partout cet automne

Si les couleurs signent leur grand retour, cet automne fait la part belle aux teintes chaleureuses avec de belles densités. Décryptage des couleurs phares de la saison avec la directrice du bureau de style Elizabeth Leriche.

Le terracotta évolue vers des rouges orangés

L’époque et la saison invitent aux couleurs enveloppantes et réconfortantes. Ainsi, les nuances chaudes et les gammes chaleureuses sont toujours en vedette. Si la montée du terracottas’est affirmée l’été dernier, cette couleur continue cet automne d’habiller nos intérieurs, qui se parent de rouges et d’orangés.

Des verts foncés et profonds

Toute une palette de verts appelle à (re)trouver chez soi de la sérénité. Si les verts olive, kaki et sauge étaient particulièrement plébiscités ces dernières saisons, les verts désormais se densifient et se donnent à voir dans toute leur profondeur. Ils s’imposent sous des nuances plus foncées, comme des verts forêt, qui peuvent s’associer à des verts bronze et des vert-jaune.

Des bleus marine et électrique, par petites touches

Cette saison, les bleus se déclinent dans leurs nuances marine et électrique. « Les bleus sont toujours des couleurs facilitantes » précise Elizabeth Leriche. Ils s’incarnent dans des pièces fortes et des détails tendance, comme le pied d’une table, un vase, de petits objets ou se mélangent sur des coussins.

Des marrons, pour réchauffer son intérieur

Si les couleurs naturelles sont toujours plébiscitées, tels les taupes et les blancs cassés, cet automne marque le retour triomphal des marrons, des caramels et des beiges. Une palette gourmande qui peut s’associer avec des teintes orangées. 

« Reste à trouver la bonne association en fonction des lieux, de l’orientation de la lumière et de la personnalité », précise Elizabeth Leriche.

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Chasseur de tendances : les dessous d’un métier instinctif

Fin observateur du marché, esprit curieux de tout, il détecte les tendances et conseille les marques sur l’orientation à prendre. Elizabeth Leriche, directrice du bureau de style éponyme, spécialisé dans la décoration, lève le voile sur le métier-passion de chasseur de tendances.

AD : Votre métier de chasseuse de tendances en fait rêver plus d’un… Comment le définiriez-vous ?

Elizabeth Leriche : L’expression « bureau de tendances » est un peu galvaudé. Aujourd’hui, tout le monde se dit tendanceur mais ce n’est pas parce qu’on associe trois images et qu’on en sort trois couleurs qu’on tisse la tendance. Même si cela parle au grand public, je suis toujours un peu gênée par ces définitions car je fais des choses très différentes. Pour ma part, je préfère parler d’agence créative ou conseil. Ce qui est intéressant dans notre travail, c’est d’aider les gens à mieux vivre en trouvant des solutions à la fois esthétiques et fonctionnelles. Il s’agit de rendre les objets désirables par l’esthétique, le style, les couleurs et les matières.

AD : Quelle est votre activité au quotidien ?

E.L : Une partie de mon travail consiste à accompagner les marques, sur le temps long, en privilégiant une approche sur-mesure. L’autre, inscrite dans une temporalité très courte, est consacrée à l’événementiel. En fonction des projets, je constitue des équipes d’indépendants aux aptitudes différentes. Alors que les grands bureaux de style ont 40 salariés et des agences dans le monde entier, mon activité reste modestement artisanale.

AD : Vous ne faites pas de cahier de tendances, pourquoi ce choix ?

E.L : On pourrait croire qu’il y a une tendance générale. Or, il n’y a pas une mais des tendances. Certains bureaux de tendances font des cahiers de tendances qu’ils vendent à toutes les marques. Dans mon agence, nous ne vendons pas la même tendance à tout le monde car nous sommes convaincus que les marques ont besoin de se singulariser. Selon leur créneau – haut de gamme, moyen de gamme ou grande distribution –, nous nous adressons à des consommateurs différents. Notre force est de pouvoir nous adapter à l’ADN de chaque marque. Le sur mesure est donc très important pour nous.

AD : Comment parvenez-vous à vous projeter deux ans à l’avance ?

E.L : Nous travaillons actuellement sur 2025. Tout le monde me demande : « Alors, vous êtes devin ? ». En fait, nous ne partons jamais de rien : nous continuons à tirer le fil de ce que nous avons déjà proposé. Ce sont des cycles, des évolutions – mais pas forcément des révolutions car les gens ont besoin de réassurance. Pour se différentier, nous prenons certains risques avec des parti-pris audacieux : nous présentons quelques objets très forts et identitaires qui vont marquer la saison. Quand nous mettons en avant une thématique, c’est parce que nous y croyons. Dans ce métier, il faut avoir des convictions.

AD : Parlez-nous du processus créatif.

E.L : Il est primordial pour nous de comprendre l’évolution des modes de consommation. Quand nous conseillons une marque, il faut que cela plaise aux consommateurs pour rencontrer un succès économique. L’idée est ensuite de synthétiser cette analyse de l’air du temps pour guider les créatifs des marques. Je propose des thématiques spécifiques en fonction de la saisonnalité, de l’évolution des marchés et de mon client. Mon rôle est de stimuler leur imagination au service d’une histoire que nous voulons raconter. Pour cela, je m’intéresse à tout. Je dois sans cesse me renouveler, chercher des idées, être en éveil et en mouvement et capter tout ce qui se passe : au détour des rues, dans les muséesà travers le monde… Tout peut être « prétexte à ». C’est un métier où la curiosité est clé.

AD : Vous vous fiez donc beaucoup à votre intuition ?

E.L : Dans mon travail, il y a en effet toute une dimension sensible et spontanée, qui part des émotions et du ressenti. Que cela soit pour conseiller une marque ou créer une scénographie, je ferme les yeux et j’essaye de me mettre à la place des clients ou des visiteurs. Je me demande ce dont j’aurai envie dans deux ans selon différents scénarios. J’essaye de trouver le biais qui rassemble. Aujourd’hui, on a tous envie de vivre des expériences et de ressentir certaines émotions. En tant que tendanceur, nous devons proposer quelque chose d’honnête et authentique.

AD : Les tendances rencontrent-elles toujours leur public ?

E.L : C’est ce qui est le plus délicat dans notre métier : être au bon moment pour le bon client, ne pas manquer le coche d’avoir la bonne matière avant les concurrents. Avec les réseaux sociaux, tout va plus vite ; la difficulté est de ne pas se laisser entraîner par ce tourbillon. Il faut retrouver un peu de cohérence et de patience. Quand nous préconisons une couleur, elle peut parfois mettre deux ans à s’affirmer. Trop tôt, elle ne va pas marcher ; en même temps, il faut que les regards s’y habituent. C’est passionnant car c’est toujours un équilibre à trouver, même si c’est plus difficile aujourd’hui.

AD : Comment voyez-vous l’avenir de votre métier ?

E.L : Beaucoup d’écoles d’art et de jeunes diplômés arrivent sur le marché. Je pense que tout le monde peut trouver sa place, mais les nouveaux bureaux de style ne sont pas nombreux. Ainsi, je pense que le métier va se réinventer. Les jeunes vont peut-être devenir leur propre éditeur grâce aux réseaux sociaux. Néanmoins, quand on commence, il faut être modeste ; apprendre un métier qu’on ne connaît pas lors d’un stage reste très formateur.

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Officine Générale multiplie les ouvertures de boutiques pour accélérer son développement

Après l’inauguration en décembre 2021 d’une première boutique à New York et d’une troisième à Paris, l’enseigne de prêt à porter haut de gamme Officine Générale projette d’ouvrir plus d’une douzaine de boutiques d’ici trois ans, notamment sur le sol américain.

Après avoir ouvert sept boutiques à Paris, Londres et New York, Officine Générale poursuit son déploiement en France et aux États-Unis – un projet de longue date –, notamment grâce au soutien du fonds d’investissement américain Untitled Group, entré au capital de la société en mai 2021. Rencontre avec Pierre Mahéo, fondateur de la marque, et Vanessa Bonnefoux, directrice générale.

La French Touch : Comment vous organisez-vous pour coordonner plusieurs ouvertures en simultané ?

Pierre Mahéo : Pour tout gérer, en temps et en heure, il faut des équipes extrêmement motivées. Durant la pandémie, nous avons signé notre première boutique new-yorkaise – notre plus grande à date – par Zoom. On a ensuite dû suivre les travaux à 5 000 km de distance avec des GoPro !

Vanessa Bonnefoux : Comme on a ouvert beaucoup de commerces en France, en Europe et à l’étranger, notamment aux États-Unis, notre expertise nous permet de gagner du temps. Nous avons développé une véritable boîte à outils qui nous permet de gérer 3 ou 4 ouvertures en même temps.

LFT : Justement, quelles seront les prochaines villes à accueillir vos boutiques ?

PM : On finalise actuellement un point de vente à Los Angeles et on est en négociation pour en ouvrir un deuxième à New York. Ensuite, on compte s’attaquer à d’autres villes américaines. Parallèlement, on travaille sur différentes métropoles françaises : on a signé Aix-en-Provence et on s’intéresse aux villes de Lyon, Bordeaux et Lille. On arrive à gérer ces ouvertures en région de manière assez fluide. Si la charge de travail reste conséquente, ça reste plus facile d’ouvrir des boutiques dans son pays qu’à l’autre bout de la planète.

LFT : Comment vous êtes-vous entourés pour mener à bien toutes ces ouvertures ?

VB : Nous sommes accompagnés par un cabinet d’expertise comptable, qui fait partie d’un réseau avec lequel je collabore depuis presque 10 ans. Si nous avons toujours le même avocat, avec qui on travaille sur tous les sujets, même corporate, nous nous sommes aussi attaché les services d’un cabinet américain spécialisé dans les négociations pour nos ouvertures outre-Atlantique. Et je suis en train d’identifier un autre profil d’ avocat pour nous aider sur la partie corporate et mise en place de standards aux États-Unis.

PM : Sur ce genre de marché, difficile d’accès, il faut avoir le bon avocat, celui en qui vous avez entièrement confiance, afin de signer le meilleur bail pour la société.

LFT : Quels défis ou obstacles rencontrez-vous sur le sol américain ?

VB : Les États-Unis sont un pays d’intermédiaires. On n’a jamais les éléments en direct, tout prend du temps et coûte très cher . Par exemple, pour obtenir un simple Terminal de Paiement Electronique (TPE), il nous a fallu pas moins de cinq intermédiaires. Avant d’actionner quoi que ce soit, il y a donc beaucoup de négociations, de vérifications et de validations. Et ensuite, il faut faire preuve d’agilité pour surveiller l’avancement des opérations de manière très précise.

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« Réinventer Paris ». Rencontre avec Alexandre Labasse

Réinventer Paris

Le concours « Réinventer Paris » a récompensé 22 projets urbains et architecturaux innovants du Grand Paris, qui ont pour point commun l’omniprésence des bâtiments hybrides et des espaces verts.

Ces projets lauréats représentent autant de modèles de la ville du futur en matière d’architecture, de nouveaux usages, d’innovation environnementale et de co-construction. Ils sont présentés dans le cadre de l’exposition « Réinventer Paris » au Pavillon de l’Arsenal jusqu’au 8 mai 2016.

Alexandre Labasse est Directeur Général du Pavillon de l’Arsenal, le premier centre municipal européen destiné à promouvoir et à faire connaître à un large public l’architecture et l’urbanisme de la métropole.

Observatoire du design urbain : Quelle vision de la ville défendez-vous à travers les actions du Pavillon de l’Arsenal ? 

Alexandre Labasse : Le Pavillon de l’Arsenal est un espace de partage des connaissances des mutations de Paris et de la métropole parisienne. Notre objectif est de mettre les évolutions de la ville à la portée de tous. Néanmoins, nous ne sommes pas un musée, mais un centre d’information, de documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture. Nous sommes également un espace participatif puisque nous proposons des conférences et des actions in situ.

ODU : Ce projet « Réinventer Paris » peut-il permettre de créer une nouvelle dynamique architecturale à Paris ?

AL : Assurément. Dans sa conception même, l’appel à projets « Réinventer Paris » intègre deux écosystèmes qui correspondent à deux temporalité différentes : d’une part, l’urbanisme et la construction, et d’autre part, la vie réelle et les besoins des usagers. Chaque projet est un point de rencontre entre ces deux écosystèmes et porte une vision innovante de la ville : les nouvelles manières d’habiter et de travailler, l’avènement de l’économie circulaire, la révolution numérique, les nouveaux modes constructifs… « Réinventer Paris » démontre la capacité de transformation, d’innovation et d’avant-garde de la capitale.

reinventer-paris-expo

ODU : De quoi parle cette exposition ? D’architecture, bien entendu, mais pas que de cela j’imagine ? Pouvez-vous nous expliquer ? 

AL : On voit émerger un grand nombre d’innovations d’usages qui soulèvent beaucoup de questions. Entre autres : que fait-on des rez-de-chaussées ? Comment remettre de la porosité dans les îlots ? Comment réinvestir nos toits et les rendre producteurs d’énergie ? Comment préserver l’existant ? Lorsque le projet a pour cadre un bâtiment existant, comme l’hôtel de Coulanges ou Morland dans le 4e arrondissement par exemple, le défi consiste à interroger l’existant dans le respect du patrimoine. Sur d’autres sites, il s’agit d’inventer de nouveaux quartiers (les Batignolles ou le Nord-Est de Paris). Enfin, sur certains terrains vierges, l’objectif est d’inventer du foncier – sur le site de Ternes-Villiers, cela se traduit par un paysage-pont au-dessus du périphérique. Dans ces cas-là, la ville vend du volume d’air pour construire ce que l’on appelle le « foncier invisible ».

ODU : Et vous, comment imaginez-vous la ville de demain ? À quelles évolutions peut-on légitimement s’attendre ? 

AL : La ville doit s’adapter aux nouveaux usages des uns et des autres. Elle doit, d’une part, être ouverte au changement, c’est-à-dire malléable, modulable et évolutive, et d’autre part, être productive. Ces évolutions sont visibles notamment à travers l’émergence des makers, de l’agriculture urbaine, les nouvelles façons d’habiter (l’économie du partage), les nouvelles façons de travailler (entre l’habitat et le lieu de travail – le home office –, le co-working, les fablabs et le nombre croissant d’entrepreneurs). Le verdissement de Paris est en fait un autre enjeu majeur puisqu’il s’agit de produire de quoi sustenter les habitants de la ville.

Pavillon de l'Arsenal (c) Pierre l'Excellent10
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ODU : Sur le thème de la ville intelligente et durable, pourriez-vous nous donner des exemples d’innovations particulièrement intéressantes dans les projets présentés ?

AL : On pourrait évoquer un grand nombre d’innovations au cœur des projets de « Réinventer Paris » : l’innovation constructive avec le retour aux constructions en bois (la reconstruction en filière sèche), par exemple au dessus de l’ancien Conservatoire du 13e arrondissement. Je pense également au béton végétalisant et dépolluant, avec le projet « Edison Lite » de Manuelle Gautrand Architecture, dont la construction sera conçue par les souhaits des habitants. Les constructions en terre ont également la part belle, comme le projet de la Gare Masséna (13e arrondissement) – qui n’a néanmoins pas été retenu parmi les lauréats. L’objectif est de rendre la ville plus frugale, tant dans son utilisation que dans sa construction. Sans compter qu’un certain nombre de projets proposent d’autres systèmes de financement par le crowdfunding, dans l’esprit d’un habitat participatif et co-constructif et dans la mouvance des nouveaux modèles financiers.

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L'Observatoire du design urbain, magazine édité par Marc et Caterina Aurel, propose des pistes de réflexion sur les usages de la ville.

Gérard Borde, l’homme à quatre mains

À la croisée entre art et industrie, la céramique de Gérard Borde reflète son insatiable quête de créativité et d’innovation.

Depuis vingt-cinq ans, Gérard Borde, Maître d’art céramiste, fait dialoguer art et technique en associant son savoir-faire à la recherche plastique d’artistes designers, architectes, sculpteurs… Sa dernière réalisation ? Le fauteuil « Beyrouth », premier mobilier urbain en céramique créé en collaboration avec Marc Aurel, pour lequel il a remporté le Prix Liliane Bettencourt « Pour l’Intelligence de la Main ». Directeur du CRAFT (Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre) et enseignant à l’école Supérieure d’Art et de Céramique de Tarbes, il œuvre au service de la création et de l’innovation pour le secteur industriel.

Gérard Borde, vous êtes céramiste, Maître d’art distingué par le ministère de la Culture. D’où vient votre passion pour la céramique ? 

Cette passion a débuté vers 17-18 ans, quand j’ai commencé à créer, puis quand je suis entré à l’école des Beaux-Arts de Limoges. J’aimais particulièrement le dessin, le modelage et la sculpture. Après mon diplôme des Beaux-Arts, je suis entré à la Manufacture de Sèvres, que j’ai quittée pour me tourner davantage vers les artistes.

Gérard Borde

Quelle est la modernité de ce matériau ancestral ? 

La céramique est un terme générique qui englobe beaucoup de matériaux. Elle a d’infinies possibilités et beaucoup de domaines d’application : le domaine médical, spatial, aéronautique… Les gens ne s’imaginent pas tout ce que l’on peut faire avec de la céramique : des moteurs de voiture, des satellites, des miroirs… C’est un élément phare de modernisation technique et technologique. Le carbure de silicium, par exemple, est employé dans l’aérospatial pour la fabrication des miroirs optiques et la cartographie des étoiles. Il peut résister à une chaleur de 2200℃, ce qui le rend plus résistant que la pierre précieuse. Comme il n’existe pas sur Terre – mais seulement dans l’espace –, nous le recomposons.

La céramique a également trouvé sa place dans le domaine médical et biomédical pour tous les éléments qui entrent dans le corps humain. Par exemple, on fabrique des éponges en alumine sur lesquelles on fait repousser des chairs. On maîtrise de plus en plus la céramique, désormais autant que le plastique. Et ce qui me passionne, c’est de mettre ce matériau à disposition des artistes. Cela permet d’innover davantage, d’aller plus vite et de plus en plus loin. C’est fabuleux !

Vous avez collaboré avec des artistes tels que le sculpteur-graveur Francois-Xavier Lalanne et le peintre Zao Wou-Ki. Quel est le fil conducteur de vos collaborations ? 

J’ai beaucoup collaboré avec le designer Marc Aurel. Nous nous sommes rencontrés il y a plus de trois ans, suite à l’appel à projets du ministère de la Culture pour un travail à quatre mains entre un designer et un artisan d’art pour créer du mobilier urbain. Auparavant, on ne voyait pas de mobilier urbain composé exclusivement de céramique. On voyait de la céramique collée sur du béton, comme au Portugal, mais guère plus. Il n’y avait aucune raison que la céramique ne soit pas employée pour cela, on en fait même des gilets pare-balles ! Ce n’était pas normal ! Comme nous avions des affinités, avec Marc Aurel, nous avons décidé de travailler ensemble. Vous savez, je travaille avec toutes sortes d’artistes : des designers, des architectes, des plasticiens, comme le plasticien-lumière Yann Kersalé. Ce sont toutes des manières différentes d’utiliser la céramique.

Le fauteuil "Beyrouth" par Gérard Borde et Marc Aurel

Dessin préparatoire pour le fauteuil "Beyrouth"

Vous venez de remporter le Prix Bettencourt pour votre collaboration avec Marc Aurel : cette passerelle entre l’art, l’artisanat et l’industrie vous paraît-elle être une direction fertile ? 

Les industriels n’ont plus beaucoup d’argent. Notre rôle est donc de développer des choses qui leur apporteront une valeur ajoutée en termes d’innovation. Un artiste ne peut pas s’adresser directement aux entreprises. Il lui faut une interface comme la nôtre qui servira d’intermédiaire. Les industriels nous font confiance puisqu’on a déjà travaillé avec eux. On développe des projets industriels, on crée en permanence. C’est avantageux pour eux car ils n’ont pas le développement à leur charge.

Luminaire céramique "Nano"

Quels sont vos projets pour les années à venir ? 

J’ai beaucoup de projets avec Marc Aurel : le Prix Bettencourt nous ouvre beaucoup de champs, mais nous allons d’abord finaliser plusieurs projets de mobilier urbain en cours, notamment des luminaires. Aussi, des artistes me sollicitent de plus en plus pour des demandes de collaboration. Ils s’intéressent plus que jamais à la céramique pour diversifier leur activité.

Lire l’article sur le site de L’Observatoire du design urbain

L'Observatoire du design urbain, magazine édité par Marc et Caterina Aurel, propose des pistes de réflexion sur les usages de la ville.

Paris éphémère : les adresses incontournables du moment

Ground Control II (26 ter rue Ordener, 18e arrondissement) est l’événement éphémère le plus attendu de la saison. Jusqu’au 15 octobre, ce bar « libre et curieux » pose ses valises dans un dépôt désaffecté de la SNCF. Que dites-vous de voir d’anciennes voies transformées en friches à jardiner,  en terrain de pétanque ou… en poulailler ? Au programme : concerts, expositions, projections, happenings, mais aussi un bar et des restaurants. Tout cela dans un décor industriel de plus de 2 000 m2 ! Plus d’infos ici.

Un insta-cat ? Attention, plus que quelques jours pour découvrir le 3ème bar à chats de la capitale, Café Chat Purina One (5 rue de Turbigo, 1er arrondissement), dû à une marque de nourriture féline. Ce bar où l’on peut caresser les matous (et interroger des spécialistes), est ouvert jusqu’au 23 juin. Avis aux amateurs de félins !

Les bars d’hôtels

Les hôtels tirent le filon de l’éphémère, à commencer par le Lounge Bar View, le rooftop du Novotel Paris Vaugirard Montparnasse. Ce bar investit jusqu’au 30 septembre le 7ème étage de l’hôtel, avec à la clé, l’incroyable vue panoramique sur la capitale.

De même, l’hôtel Renaissance Paris Vendôme (4 rue du Mont Thabor, 1er arrondissement) a redécoré entièrement son bar pour proposer Le Jardin Vendôme, jusqu’au 14 juin, à l’occasion de la 9ème édition du salon « Jardin, jardins des Tuileries ». Un bar niché dans un décor peu commun, ponctué de pièces inédites (mobilier de jardin en rotin provenant de la Manufacture Perret et Vibert, vase ornemental de la Manufacture de Choisy-le-Roi…). Insolite !

Les boutiques éphémères

Du 16 au 21 juin, rendez-vous à L’Appartement (Royal Ponceau, 11, rue du Ponceau, 2e arrondissement). Un collectif d’artistes mettent en vente une sélection de vêtements, accessoires, livres, photographies, objets de décoration, tout droit sortis du passé mais néanmoins dans l’air du temps. Pour en savoir plus, c’est par ici.

Et du 23 au 28 juin (au début des soldes d’été, qui débutent officiellement le 24 juin), La Boutique éphémère vous propose de dénicher de quoi vous faire plaisir, parmi une sélection mode, cuisine, déco et enfants, et tout cela sans vous ruiner ! Pour une pause rafraîchissement, on pourra même s’offrir à boire… au Café Ephémère ! On regrettera bien vite que l’été soit si court…

> Article réalisé pour le blog des Éditions Leconte

Quelles expos voir à Paris ce printemps ?

« Les Tudors » au Musée du Luxembourg

La famille des Tudors s’invite au Musée du Luxembourg jusqu’au 19 juillet pour notre plus grand bonheur. En contrepied de l’image qu’en donnent traditionnellement le cinéma et la littérature, cette exposition vous dévoilera (sans concession) les secrets du mythe des Tudors. Une première en France.

On y va pour : se plonger dans l’histoire d’une dynastie emblématique qui régna sur l’Angleterre à l’aube de la Renaissance.

Le « peintre des peintres » au Grand Palais

La grande rétrospective que le Grand Palais consacre à Vélasquez jusqu’au 13 juillet est l’occasion de (re)découvrir le plus célèbre peintre de l’âge d’or espagnol. Très moderne, le « peintre des peintres » – tel que le surnommait Manet – a su se jouer des codes tout en représentant le pouvoir en place (il fut le peintre officiel de Philippe IV).

On y va pour : admirer l’un des plus beaux nus de l’histoire de la peinture, « La Toilette de Vénus », dans laquelle la déesse est portraiturée… de dos !  Un pied de nez aux codes établis.

« L’enfant terrible de la mode » au Grand Palais

Jean Paul Gaultier s’offre une rétrospective magistrale jusqu’au 3 août dans les salles voisines du Grand Palais. Avec audace, il a vêtu les hommes en marinières et en jupes, mis les sous-vêtements sans dessus dessous, fait défiler Beth Ditto et un homme en mariée. Découvrez ses plus belles créations de 1970 à nos jours.

On y va pour : s’immerger dans l’univers extravagant et impertinent du pape de la mode, à travers une exposition réalisée en collaboration avec la Maison Jean Paul Gaultier à Paris.

« La Môme Piaf » à la BNF

Si vous avez aimé le film « La Môme », vous aimerez certainement l’exposition consacrée à Edith Piaf jusqu’au 23 août à la BnF. Un must si vous aimez Paris et l’une des plus célèbres chanteuses du XXème siècle français. Vous y découvrirez  comment cette jeune fille du peuple est devenue plus qu’un vrai symbole en incarnant une véritable ode à l’amour.

On y va pour : voir « La Vie en rose ». Vous non plus, vous ne regretterez rien !

« Les clefs d’une passion » à la Fondation Louis Vuitton

Si la vocation première de la Fondation consiste à soutenir et à promouvoir la création contemporaine, l’exposition d’art moderne « Les clefs d’une passion » marque le début d’une longue série d’expositions dédiées à l’histoire de l’art. Matisse, Léger, Delaunay, Mondrian… On ne se lasse pas d’admirer les œuvres des plus grands artistes du XXe siècle. Un haut-lieu culturel parisien à découvrir sans plus tarder !

On y va pour : voyager sans quitter Paris, grâce aux prêts des plus grands musées internationaux (le MoMA et le Guggenheim de New York, la Tate Modern de Londres, le Musée Pouckhine de Moscou, le Munch Museum d’Oslo…).

Save the date!

Et pour profiter de toutes ces expositions à moindre frais, on réserve sa soirée samedi 16 mai pour profiter de la Nuit européenne des musées. Jusqu’au bout de la nuit, on se cultive, on s’émerveille… et c’est gratuit ! Tout le programme ici (valable également sur les collections permanentes des musées partenaires).

> Article réalisé pour le blog de Leconte Héritage

« Les Jardins de Gally » rend la ville plus fertile

Aménager, entretenir et animer des projets végétaux d’intérieur et d’extérieur dans les entreprises, les centres commerciaux et les espaces publics : c’est le rôle des Jardins de Gally, leader du paysagisme d’entreprise. Leur ambition : optimiser le bien-être des usagers et l’attractivité des lieux de vie urbains. Nous nous sommes entretenus avec Pierre Darmet, en charge du marketing.

Monsieur Darmet, pourriez-vous nous présenter en quelques mots les Jardins de Gally, et notamment quelques réalisations emblématiques ?

Le terme « Gally », qui signifie étymologiquement « terre boueuse et marécageuse », renvoie à la fois à un territoire, celui de l’actuel Versailles, et aux jardiniers et paysagistes nés d’une famille d’agriculteurs. Son origine historique remonte au XIe siècle avec un texte témoignant de la présence d’une ferme occupée par des moines bénédictins. Cette ferme a approvisionné la Cour puis l’agglomération parisienne en nourriture et en plantes.

Pour ce qui est des Jardins de Gally, nés à la fin des années 1960, ce sont les leaders du paysagisme d’entreprise. Nous apportons des éléments de nature aux entreprises – paysages, jardins d’intérieur et d’extérieur –, mais aussi un service quotidien aux collaborateurs comme des fruits et des fleurs au bureau. Nous les accompagnons dans toutes les étapes du projet, de son élaboration (avec le Bureau d’Études) à sa mise en œuvre, jusqu’à l’entretien des espaces aménagés.

Nous végétalisons par exemple des centres commerciaux, des gares et des aéroports (la gare Marseille Saint-Charles, celle d’Aix-en-Provence, l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle…), mais aussi des espaces de loisirs comme des centres aquatiques.

Centre commercial E. Leclerc Atlantis à Nantes

Centre commercial E. Leclerc Atlantis à Nantes

SCI à Chambourcy (78)

SCI à Chambourcy (78)

Avec 80% d’urbains en 2050, la question de la place de la nature en ville est plus que centrale. Comment définiriez-vous la biodiversité urbaine ?

Déterminer ce qu’est la biodiversité urbaine n’est pas si évident. On peut la définir comme le contact et la compatibilité entre une certaine forme de nature et la vie humaine, une nature qui serait acceptée dans ses bons comme ses mauvais côtés (les rats, par exemple).

Depuis quelques années, les acteurs de l’immobilier se penchent sur la question de la rénovation énergétique. La ville s’intéresse à la biodiversité en tentant, par exemple, de recréer des corridors écologiques. Comme la biodiversité a un effet positif en termes d’écologie, certains parlent de biodiversité positive. Il est certain que plus tôt on agira, plus tôt on en mesurera les effets. Et, comme le montre la statistique que vous mentionnez, on pourra bientôt toucher 80% des gens dès leur plus jeune âge. La dimension pédagogique de notre rôle est, par conséquent, considérable.

Toiture de la Cité de l'architecture et du patrimoine par Les Jardins de Gally

Toiture de la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris

Les Jardins de Gally font partie des membres fondateurs du Conseil International Biodiversité et Immobilier (CIBI), aux côtés d’acteurs comme la Caisse des Dépôts, la Ligue pour la Protection des Oiseaux et Bouygues Construction. Qu’est-ce qui vous unit dans votre vision de la ville ?

Si l’on veut être caricatural, peu de choses réunissent toutes ces entreprises aux intérêts très différents. Les espaces urbains sont au cœur d’enjeux multiples (économique, écologique, esthétique, historique, sociologique, technique…) et la diversité des acteurs conduit à l’hétérogénéité des prises de position. Mais ces entreprises se sont rendues compte qu’une attitude sectaire n’était pas constructive.

Le Conseil International Biodiversité et Immobilier est donc né du rassemblement autour d’une cause commune : l’espace vivant dans un projet immobilier. Il a résulté de la volonté unanime de faire évoluer les standards en la matière. L’immobilier avait besoin de s’entourer de compétences pour se différencier. L’écologue apporte son expertise écologique, le Bureau d’Études solutionne les dilemmes techniques de poids et de maintenance, par exemple. Ainsi, le label BiodiverCity a été créé en réponse à un manque d’outil en matière de biodiversité.

Le shopping fertile est en train de devenir une composante de l’espace public. Qu’est-ce que recouvre cette notion, et comment faire pour que les espaces verts ne soient pas réservés aux lieux de consommation dans la ville ?

D’abord, la locution « espace vert » me paraît désuète car elle met l’emphase sur la couleur et donc le résultat. Je lui préfère celle d’« espace vivant » qui intègre une dimension évolutive et connectée avec d’autres espaces – les insectes et les oiseaux d’une part, l’humain d’autre part. Je lui préfère aussi celle d’« espace fertile », par exemple le bureau ou l’entreprise fertile. Je trouve cette dernière locution intéressante car elle renvoie à un terreau qui permet de faire pousser quelque chose.

De plus en plus d’espaces commerciaux s’implantent différemment aujourd’hui, partant du postulat qu’on ne peut plus opposer nature et shopping. Le commerce apporte une valeur ajoutée à des espaces tels que les aéroports, devenus des lieux de consommation. Les commerces et bureaux en périphérie des villes, qui ressemblent à des boîtes à chaussures, sont des choix faits au mépris de l’architecture, du paysage des riverains et de l’écologie. L’expérience client – rendre les espaces plus attractifs et plus agréables – est devenue une priorité. Pour cela, il faut des standards plus élevés.

À gauche : végétalisation du centre commercial One Nation Paris / à droite : le bureau fertile

À gauche : centre commercial One Nation Paris / à droite : le bureau fertile

Les espaces végétalisés sont, par nature, vivants et évolutifs. Comment faire pour les inscrire dans une démarche de durabilité, pour des effets bénéfiques sur le long terme ?

La dimension temporelle est importante dans l’activité d’entretien qui incombe au jardinier puisque c’est quand il plante que tout commence. On a certes besoin d’utopie, mais on doit également étudier l’aspect technique des projets, c’est-à-dire comment le jardinier va concrètement gérer l’espace dans la durée. De toute évidence, cela ouvre les portes à de nouveaux métiers : on se demande s’il faut des architectes spécialistes du végétal ou des paysagistes architectes. Quoi qu’il en soit, paysagistes et architectes travaillent en collaboration dans un esprit de pluridisciplinarité. Le paysagiste doit apporter un compromis fidèle au projet de l’architecte en tenant compte des contraintes techniques.

Lire l’article sur le site de L’Observatoire du design urbain, magazine de design urbain

Les plus beaux ponts de Paris

Que serait Paris sans la Seine ni ses ponts ? Certainement pas la plus belle ville du monde ! Ses 37 ponts offrent un balcon avec vue sur les plus beaux monuments de la capitale. Passerelles entre deux rives, monuments d’architecture, vitrines de la ville, témoins de l’histoire passée et à venir… ils sont devenus, au fil du temps, des personnages à part entière. Venez, nous vous les présentons !

Du plus célèbre au plus romantique en passant par le plus américain et le plus photogénique, nous vous proposons de découvrir les ponts les plus emblématiques de Paris.

Commençons par la passerelle Simone-de-Beauvoir. Réservée aux circulations « douces » (piétons et cyclistes), son architecture unique vous fera néanmoins voir la vie comme des montagnes russes.

Déambulons ensuite vers le pont Neuf, qui est, comme son nom ne l’indique pas, le plus vieux pont de Paris. Imaginez que ce pont date du XVIIe siècle !

En continuant vers l’Ouest, nous voici arrivés au pont des Arts, dit « Pont des Amoureux » en raison des innombrables cadenas que les couples du monde entier y accrochaient en symbole de leur amour, selon une coutume bien établie. Mais désormais, c’est terminé (préservation du patrimoine oblige). On pourra toujours se consoler en prenant des « selfies » en amoureux (« Love without locks »)…

On ne vous présente plus le pont Alexandre III, l’un des symboles de la capitale (avec la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe) et parmi les plus connus au monde. Admirez-y la vue panoramique sur les Invalides, le Petit et le Grand Palais, ainsi que sur la tour Eiffel ! Sous le pont, une boîte de nuit branchée s’est installée pour le plus grand bonheur des fêtards (le Showcase, 2000 m² de dancefloor).

Le pont le plus (tristement) « people » ? Assurément le pont de l’Alma, qui a vu s’éteindre la princesse Diana lors d’un accident de voiture, le 30 août 1997. C’est aujourd’hui un lieu de recueillement pour tous les admirateurs de « Lady Di », au pied de la Flamme de la Liberté, réplique grandeur nature de la flamme de la Statue de la Liberté.

Poursuivons notre promenade par le pont Bir-Hakeim : avec ses deux étages (le premier pour les voitures et les piétons et le viaduc au-dessus pour le métro), il est sans doute l’un des plus photogéniques. De nombreuses scènes de film et de séries y ont été tournées (InceptionBenjamin GatesDexter…). Vous y apprécierez la vue dégagée sur la Tour Eiffel. Un lieu privilégié pour faire de la photo.

Plus loin, on aperçoit la silhouette de la Statue de la Liberté… Eh oui, il s’agit d’une réplique de la célèbre statue construite par Bartholdi ! Avec les tours du quartier Beaugrenelle, ce monument donne à la capitale française de faux airs de New York. Le pont de Grenelle est définitivement le pont le plus américain de Paris.

La promenade touche à sa fin avec le plus haut pont de Paris, le pont du Garigliano (18 mètres au-dessus du niveau de la Seine). Depuis 2006, il accueille une œuvre d’art à ciel ouvert, « Le Téléphone », de Sophie Calle et Franck Gehry, une grande cabine téléphonique en forme de fleur. Mais plus pour longtemps : la Mairie de Paris projette de la déplacer…

Enfin, voici le 38ème pont de Paris, le pont-trampoline, conçu en 2012 par le cabinet d’architecture Atelier Zündel Cristea, dans le cadre du concours « Un pont à Paris » sur le thème du bonheur urbain (3e prix du concours). 94 mètres de long, 30 mètres de large, trois bouées en membrane PVC et un filet de trampoline au centre… Si ce pont ne verra sans doute jamais le jour, il mérite au moins le titre du pont le plus gonflé de la capitale !

> Article réalisé pour Leconte Héritage

Le street art s’expose à la Maison des Arts de Créteil

À l’occasion de la FIAC, grande messe de l’art contemporain, le collectionneur d’art Nicolas Laugero Lasserre (par ailleurs directeur de l’Espace Pierre Cardin et fondateur du club « Artistik Rezo ») assurera lui-même, ce samedi 25 octobre, la visite guidée de l’exposition consacrée à sa collection personnelle à la Maison des Arts de Créteil.

Présentée jusqu’au 13 décembre prochain, cette 30ème exposition du jeune collectionneur intitulée « In/Out » réunit une cinquantaine d’œuvres d’une trentaine d’artistes, talents émergeants et grandes pointures du street art (peinture, collage, pochoirs, mosaïque…).

Lors de cette visite exceptionnelle, c’est en collectionneur passionné qu’il parlera de ses œuvres fétiches, parmi lesquelles la célèbre affiche de soutien à la candidature de Barack Obama en 2008 par l’Américain Shepard Fairey, les rats atomiques de Roa, le pied de nez à la publicité de Mr. Propre par Dran, mais aussi les œuvres de Banksy,  JR, Invader et Jef Aérosol, pour ne citer qu’eux.

JR, "The wrinkles of the city" (2011)
« The wrinkles of the city », JR, 2011

Une collection itinérante

Reconnue pour sa qualité et sa diversité, la collection de Nicolas Laugero Lasserre se caractérise par son itinérance. N’ayant pas l’écrin nécessaire dans le petit appartement parisien du collectionneur, ses œuvres voyagent dans tout l’Hexagone, des galeries aux foires d’art contemporain en passant par les mairies, jusqu’en Belgique. Chaque exposition est un record d’audience attirant néophytes et initiés. « Je cauchemarde quand les œuvres restent dans le stock », confesse-t-il.

Le stock ? Plus de 300 œuvres de street art, qu’il considère comme « LE mouvement artistique du début du XXIe siècle ». Sa « collectionnite aigüe » le pousse même, en 2011, à vendre son appartement afin d’agrandir sa collection. Interrogeant les clivages sociaux et les rapports humains, c’est la portée sociale et politique de cette forme d’art qui l’intéresse, plus que son esthétisme.

Vue d'ensemble de l'exposition In/Out
Vue d’ensemble de l’exposition « In/Out »

« Plus que d’argent, une collection est question de passion »

Nicolas Laugero Lasserre partage sa collection par plaisir de faire rayonner l’art, mais aussi pour tenter d’insuffler aux jeunes générations le goût de se lancer dans la même aventure. « Partager et transmettre cette passion de l’art est devenu pour moi une priorité », déclare-t-il, aimant à rappeler que « l’on peut acheter de très bonnes œuvres à quelques centaines d’euros ».

Ce collectionneur humble et inspirant prône l’art pour tous et considère la culture comme « salvatrice, parce qu’elle est irremplaçable pour ouvrir les esprits, les rendre plus tolérants et aussi les distraire ». Selon lui, « il faut désacraliser l’art. Et ce mouvement accessible au plus grand nombre, né dans la rue, permet à tous de se l’approprier. » Nul doute que cette exposition fera naître des vocations…

Jef Aerosol, "Sitting Kid" (2008), pochoir
Jef Aerosol, « Sitting Kid » (2008), pochoir


« In / Out »
Jusqu’au 13 décembre
Visite guidée par Nicolas Laugero Lasserre : samedi 25 octobre, de 10h à 11h30

Maison des Arts de Créteil (Place Salvador Allende, Créteil)
Du mardi au samedi, 13h-18h30, et les soirs de représentation
Entrée libre

On vous dévoile les nouvelles adresses tendance à Paris

La grisaille saisonnière vous gagne ? Découvrez les nouvelles tables, cafés, espaces culturels en vogue et jeunes adresses parisiennes dans l’air du temps… Un pied de nez à la morosité ambiante. 

Après avoir séduit San Francisco, Londres ou Melbourne, la vogue des coffeeshops fait des ravages dans la capitale. Essayez donc Holybelly, un cofeeshop ouvert par des Français revenus de Melbourne, côté Canal Saint-Martin. Au menu : du bon café importé de la nouvelle Brûlerie de Belleville, des plats faits maison (bonite de Saint-Jean-de-Luz laquée au soja et légumes croquants, sandwich jambon de Paris, tomme au foin, huile de truffe et petite salade, pumpkin & apple pie…) et un grand sens de l’hospitalité, s’il vous plaît (19 rue Lucien Sampaix, Paris 10e, sans réservation).

Parmi les nouvelles tables parisiennes proposées par de jeunes chefs, le Restaurant Caffè Stern tient le haut du pavé. Prenez une ancienne boutique de graveur (un certain Stern), bijou du passage des Panoramas classé monument historique. Magnifiez-le sous l’œil du designer Starck lui-même (petits salons aux boiseries sombres, animaux empaillés…). Ajoutez le chef star de la péninsule italienne, Massimiliano Alajmo. Vous obtiendrez un café-restaurant italien dans le top des meilleures adresses parisiennes d’Alain Ducasse ! A bon entendeur… (47 passage des Panoramas, Paris 2e, 01 75 43 63 10).

Pour une pause réconfortante, le salon de thé Lily of The Valley vaut le détour. S’il offre un vaste choix de très bons thé, c’est pour ses excellentes pâtisseries bio (carrot cakes, tarte aux fruits, cookies sans gluten…) et sa déco renversante qu’on y va, avec son plafond couvert de plantes, le clou du lieu (rue Dupetit-Thouars, Paris 3e) !

Côté consommation locale, on lève notre chapeau à Julien et Joseph, les cofondateurs des boutiques « Au bout du champ », qui proposent depuis peu une nouvelle façon de consommer les fruits et légumes. Avis aux « locavores » : ces boutiques en libre-service (grâce à des casiers), ouvertes 7j/7, de 8h à 22h, offrent des produits frais et de saison, issus de l’agriculture paysanne, cultivés dans un rayon de 100 km et récupérés le matin même. Une initiative responsable qui va vous changer d’ère (Levallois-Perret, 4 rue Camille Pelletan et Paris 17e, rue des Dames).

Par ici les news culture

Cela n’a pas pu vous échapper, un nouveau lieu d’exception dédié à l’art contemporain vient d’ouvrir ses portes au bois de Boulogne : la Fondation Louis Vuitton. Pour y découvrir la collection permanente (Ellsworth Kelly, Olafur Eliasson, Christian Boltanski…), ou l’exposition temporaire consacrée à la construction de l’édifice signé Franck Gehry (jusqu’au 16 mars 2015), ou encore pour les concerts et les performances… Vous n’avez que des bonnes raisons de vous y rendre (8 avenue du Mahatma Gandhi, Paris 16e).

Vous avez toujours rêvé de participer à une vente aux enchères, mais vous trouvez les prix inaccessibles ? Sous l’impulsion de Cédric Mélado et Lucie-Éléonore Riveron, la Maison FauveParis fait un pied de nez aux classiques maisons d’enchères parisiennes pour attirer une clientèle jeune et novice. Des expositions longues (de deux à quatre semaines), des ventes organisées le soir, un mix de styles et d’époques (street art, jouets anciens, objets asiatiques…) et un beau catalogue conçu comme un magazine d’art. Paris n’a pas fini de vous surprendre.

Un peu de patience

En 2015, le Marais s’offrira une nouvelle jeunesse avec la future « Jeune Rue », le « concept street » un peu fou porté par le millionnaire Cédric Naudon : « La Jeune Rue, c’est d’abord un rêve gastronomique, doublé d’un pari culturel et d’un projet de société. » Concrètement, les rues du Vertbois, Volta et Notre-Dame-de-Nazareth seront entièrement consacrées aux plaisirs de la table et à l’art. Au centre de ce projet : les commerces de proximité, le respect des produits (de saison et d’exception), le respect de la terre et le savoir-faire français. Une initiative qui va vous changer d’ère.

Dans le 18e arrondissement, le « Hasard Ludique », lieu hybride dédié à la culture, verra l’ancienne gare de Saint-Ouen renaître de ses cendres. Au programme : une salle de spectacle, un bistrot gourmand et un atelier de pratiques artistiques collectives, sans oublier des workshops, des concerts et des soirées. À découvrir à l’automne prochain. Pour les impatients, le Hasard Ludique organise déjà des évènements baptisés « En Attendant » : concerts, expos, marchés de créateurs, spectacles jeune public, jeux concours, ateliers et rencontres (128 Avenue de Saint-Ouen, Paris 18e).

Au Mouffetard, la marionnette fait sa rentrée

Le Mouffetard – théâtre des arts de la marionnette entame une nouvelle saison réunissant les générations sous le signe de l’audace et du cosmopolitisme. Avec sept nouvelles créations pour les petits et les grands, la programmation 2014-2015 atteste du dynamisme et de la créativité de la nouvelle garde marionnettique internationale.

Le théâtre de marionnettes est un art mal connu, souvent réduit à un divertissement enfantin. Bien des spectacles de marionnettes sont certes destinés aux jeunes, mais une vaste production s’adresse aussi à un public d’adultes, portée avec exigence et créativité par des artistes de la scène contemporaine.

C’est ce qu’illustre la nouvelle programmation du Mouffetard – théâtre des arts de la marionnette qui, depuis sa naissance en 1992, ne cesse de réunir les publics autour de spectacles pour tous les âges. Si Couac d’Angélique Priant se destine aux bambins de 3 ans, le Mouffetard propose cette année des pièces tout public parmi lesquelles Krabat de Michael Vogel et Christiane Zanger, ainsi que le spectacle d’lka Schönbein, Sinon je te mange.

Dans un esprit d’ouverture à l’international, cette nouvelle saison promet également de faire découvrir aux spectateurs des créations issues des scènes norvégiennes, belges et américaines. Sans oublier la 8e édition de la Biennale internationale des Arts de la Marionnette, le rendez-vous annuel incontournable du théâtre de marionnettes.

Soleil Couchant, Tof Théâtre, Mouffetard

Réinventer le théâtre de marionnettes

À l’occasion du lancement de la programmation 2014-2015, le Mouffetard présente Soleil couchant, créé en février 2014 par la compagnie belge « Tof Théâtre« . Cette pièce à destination des adultes offre le spectacle émouvant d’un vieil homme veuf au crépuscule de sa vie, appréhendant avec chagrin le temps qui a passé.

Sur la plage, il s’affaire, malhabile et tremblant sous l’effet de la maladie, accumulant les maladresses et les signes de la démence sénile – il renverse de la bière sur sa chemise en portant un verre à ses lèvres, coupe le pan trop long de sa cravate et essuie tour à tour son nez, ses lunettes, son verre et sa cravate avec son vieux mouchoir usé.

Soleil couchant au Mouffetard - Théâtre des arts de la marionnette

Mais, sous le masque de la marionnette, derrière les yeux hagards et l’expression figée, apparaissent les émotions d’un personnage sensible. Sans un mot, ce vieillard nous dit tout – de lui, du temps qui passe – du temps qui fuit –, de son amour vivace pour sa défunte épouse. Égrenant sa vie dans une poignée de sable qu’il fait couler lentement comme un sablier, la nostalgie du temps passé l’étreint. Ce personnage profondément humain apparaît comme un homme amoureux, recueilli dans le souvenir de celle qu’il aime encore, humant son parfum sur un foulard qui semble lui avoir appartenu.

Soleil couchant perturbe les règles traditionnelles du théâtre de marionnettes en offrant le marionnettiste au regard du spectateur par la manipulation à vue. Ce parti pris est d’autant plus audacieux que le marionnettiste prête ses propres bras et jambes à la marionnette. Dans ce procédé inhabituel et fascinant qu’est la manipulation directe, la personne et le personnage font corps. Preuve en est que le théâtre de marionnettes n’a pas fini de nous surprendre.

Mouffetard – théâtre des arts de la marionnette
73 rue Mouffetard, 75005 Paris

Niki de Saint Phalle, une « nana » radicale

Audacieuse, engagée, radicale… C’est ainsi qu’on découvre l’œuvre de Niki de Saint-Phalle dans la rétrospective qui lui est consacrée au Grand Palais jusqu’au 2 février prochain. En deux cents œuvres et archives (dont beaucoup inédites), se décline la personnalité explosive d’une artiste aux partis pris forts et assumés. La violence, dans tous ses états et toutes ses dimensions : c’est l’angle inédit qu’a choisi Camille Morineau, la commissaire de cette exposition très attendue, la plus grande dédiée à l’artiste depuis vingt ans.

« Domestiquer ses dragons »

À coup de couteaux, hachoirs, armes et autres objets contondants, le thème de la violence ponctue le travail de Niki de Saint Phalle comme un leitmotiv obsédant. L’épisode de l’inceste paternel, dont la petite fille de onze ans fut victime, la marque au fer rouge et la pousse droit dans les bras de l’art : « Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme. C’était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgi dans mon travail. » (Harry and me. The family years, 1930-1960). Pour échapper aux affres de la dépression, elle écrit et surtout, s’adonne à ses pinceaux et à ses gouaches, devenant l’une des premières plasticiennes féminines du XXe siècle. « J’ai eu la chance de rencontrer l’art parce que j’avais, sur un plan psychique, tout ce qu’il fallait pour devenir une terroriste », conclut-elle avec le recul des années.

La Mort du Patriarche (1972), Niki de Saint Phalle
La Mort du Patriarche (1972)

Dans son œuvre, le thème de la violence a la part belle et rares sont ses contemporains à y accorder un tel intérêt. Première femme plasticienne, Niki de Saint Phalle est aussi l’une des premières artistes femmes à peindre la violence. Comme le souligne la commissaire de l’exposition, c’est un « double scandale, une double provocation ». Le patriarcat, le racisme, l’inceste, l’Eglise… Autant de prétextes pour tirer sur le monde qui l’entoure – jusqu’à sa propre peinture.

Les Trois Grâces (1995-2003), Niki de Saint Phalle
Les Trois Grâces (1995-2003)


Une héroïne et ses Nanas

« J’ai décidé très tôt d’être une héroïne. L’important était que ce fut difficile, grand, excitant ! » (Traces. Une autobiographie). C’est ainsi que Niki de Saint Phalle crée, dès 1965, les Nanas, ces sculptures de femmes-monuments à l’image de l’héroïne qu’elle veut être. Vêtements colorés, formes opulentes, sauts de chat désinvoltes… Ces déesses calypiges évoquent en tout point la joie et la liberté. Mais elles n’en portent pas moins l’esprit revendicateur de l’artiste. Niki de Saint Phalle invente une féminité différente des standards de l’époque, loin des couvertures de magazines des Elle et Vogue pour lesquels elle posa. Ces femmes surdimensionnées représentent, selon elle, « le monde de la femme amplifié, la folie des grandeurs des femmes, la femme dans le monde d’aujourd’hui, la femme au pouvoir ». Appelant de ses voeux un « Nana Power », l’artiste anticipe les problématiques féministes.

Et parfois, la féminité fait peur, comme dans la série des Mariées qui met en scène des mort-vivantes côtoyant la destruction. L’œuvre de Niki de Saint Phalle oscille sans cesse entre joie et tragédie, ce qui la rend si fascinante et mystérieuse.

Cheval et la mariée (1964), Niki de Saint Phalle
Cheval et la mariée (1964)

L’art pour tous

Passionnée de culture populaire, cette « sacré nana » voulait proposer un art accessible au plus grand nombre, ambition qui prit forme dans ses grands projets architecturaux publics élaborés en collaboration avec son mari Jean Tinguely. Fontaines, parcs pour enfants, jardins ésotériques et maisons habitables furent érigés pour toucher un public hors des musées, comme La Fontaine Stravinsky (Paris, 1983) ou Le Jardin des Tarots (1978-1998). Ces œuvres à ciel ouvert rappellent à la postérité l’incroyable fusion amoureuse et artistique de ceux que l’on a coutume d’appeler « les Bonnie and Clyde de l’art ».

Le Grand Palais
3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris

Le Traiteur du Marais : collection automne-hiver 2014-2015

Nouvelle carte traiteur du Marais

À l’abri des regards indiscrets, dans un hôtel particulier du XVIIe siècle situé au cœur du Marais, siège un traiteur parisien de prestige auquel les plus grandes marques françaises confient l’organisation de leurs événements : Le Traiteur du Marais. Pour la rentrée 2014, la maison présente deux nouvelles cartes inventives dédiées à la gastronomie et à la mixologie. Une collection de pièces gastronomiques et cocktails haute couture à l’image de ses illustres clients – parmi lesquels Swarovski et Kenzo.

De nouvelles pièces cocktails aux saveurs inédites

Créées par le chef Vincent Bessou, les pièces cocktails, mises en vedette sous des cloches de verre tels des bijoux précieux, se dévorent déjà avec les yeux. Et le palais n’est pas déçu. Parmi la sélection des quinze petits fours couture, la régressive « Sucette Foie Gras Tagada » associe des saveurs inédites qui réveillent nos amours enfantines et titille notre plaisir gourmet. L’amuse-bouche « Écrin céleri pistache » nous invite à un heureux mariage sucré-salé. Sans oublier la pièce star de la soirée baptisée « Survivor » : une mignardise à base de ver de farine, ingrédient insolite qui en surprendra plus d’un. En réinventant sa carte avec autant d’audace, Le Traiteur du Marais confirme son positionnement à l’avant-garde des tendances gastronomiques.

Des cocktails made in France

Premier traiteur parisien à proposer une offre de mixologie, Le Traiteur du Marais a misé sur la crème des chefs barmen en s’associant à Stephen Martin, meilleur mixologiste français 2009. Son parti pris ? Faire revivre la tradition des limonadiers des XIXe et XXe siècles. Ce virtuose du cocktail a récemment ouvert le premier bar parisien dédié au cocktail (À la française, 50 rue Léon Frot, Paris 11e). Une collaboration à la pointe de la tendance.

Issus d’une sélection 100% française des meilleurs spiritueux de notre patrimoine (curaçao breton, calvados normand, absinthe, vermouth, whiskys….), les créations de cette nouvelle carte se dégustent comme le nectar des dieux. Un breuvage rafraîchissant ? Le cocktail « Herba Fresca » (Suze, gin français, eau tonique, concombre et spray d’essence de romarin). Un classique revisité ? « Le Boulevardier à la française » (né en 1927) composé de cognac, de Suze, de vermouth rouge et de zeste d’orange. Un péché mignon ? « La Parisienne », cocktail floral et fruité (purée de framboises, liqueur de crème de Noyaux, liqueur d’Aloe Vera et spray d’essence de romarin). Les cocktails les plus trendy de la rentrée !

Le Traiteur du Marais, le luxe du palais

Fondé en 2004 par Cédric Moindrot (groupe Reynier Marchetti), Le Traiteur du Marais propose un service sur mesure adapté à tous types d’événements professionnels et privés – lancements de produit, soirées de gala, fashion weeks, journées presse, cocktails dînatoires, mariages… –, de la composition de la carte à la mise en scène finale. Il estampille les événements parisiens les plus pointus de sa signature gastronomique unique alliant créativité, raffinement et originalité et distille un ingrédient magique dont il a le secret.

Le Traiteur du Marais
81 rue des Archives, Paris 3e

Joan Busquets, urbaniste visionnaire à l’écoute de l’histoire

L’architecte urbaniste catalan imprime sa vision de la ville dans les plus grandes métropoles du monde.

Architecte urbaniste influent de renomée mondiale, Joan Busquets jongle entre ses nombreux projets à l’international, son poste de professeur dans de prestigieuses universités et son rôle de directeur de l’agence BAU. Récompensé par plusieurs prix d’urbanisme, il s’est notamment distingué comme chef du projet urbain de Barcelone pour les Jeux Olympiques de 1992, mais aussi par la réalisation d’espaces publics et de travaux de rénovation de quartiers entiers. Rencontre avec un passionné.

Observatoire du design urbain : Professeur Busquets, vous êtes à l’origine de nombreux Masterplan en Europe et à l’international. Votre vision de la ville fait autorité dans le monde entier. Quelle est la spécificité de votre méthodologie ?

JB : Au plan méthodologique, il faut toujours composer avec l’histoire de la ville. On n’a jamais carte blanche pour travailler, même dans les villes nouvelles. On doit prendre en compte les gens mais aussi la dimension historique de la ville. En somme, la ville telle qu’elle est.

Le travail de l’urbaniste et de l’architecte consistera toujours à élaborer des projets. Ceux-ci peuvent recouvrir une grande partie de la ville – comme cela a été le cas pour Toulouse –, mais ils peuvent être plus particuliers, comme une place, un bâtiment, une espalanade, etc. Dans tous les cas, le projet renvoie à l’idée d’un endroit spécifique dans la ville. Il s’agit d’effectuer des changements dans la ville à partir d’un projet. C’est donc en cela que consiste ma méthode : regarder la ville comme elle est et y opérer des changements à partir de projets donnés.

vue de jour sur les gradins depuis le pont Saint-Pierre à Toulouse

ODU : Vous avez conduit le plan de rénovation urbaine du centre-ville de Toulouse et avez eu à coeur d’inscrire les développements de cette ville dans une perspective historique. Quels sont les éléments saillants de cette analyse ?

JB : Quand on travaille pour une ville aujourd’hui, il faut travailler avec son centre historique. Le centre-ville de Toulouse a été modifié d’une manière incroyable à partir du XVIIIe siècle. Cette ville a un patrimoine très riche, mais beaucoup de projets ont été incomplets. C’est d’ailleurs souvent le cas dans les centres-villes. Aujourd’hui, il faut travailler avec des orientations différentes : articuler les espaces, les bâtiments, les usages et les modes de fonctionnement. Globalement, il y a encore des choses à améliorer mais le centre-ville a déjà beaucoup évolué.

D’un autre côté, dans le travail que j’ai réalisé conjointement avec le paysagiste Michel Desvigne, on a considéré l’espace public comme des sujets d’étude. On a cherché à associer l’eau, les bâtiments et les arbres. L’idée était de maintenir les activités du centre-ville et d’en attirer d’autres qui ne s’y trouvaient pas encore. Par exemple, on devait augmenter la résidence dans le centre-ville. Et si l’on donne de meilleures conditions de vie aux habitants du centre-ville, plus de gens voudront y habiter.

Plan du développement de la ville de Toulouse

ODU : Quels sont les éléments clés de la réussite de la transposition d’une vision de l’urbanisme à sa mise en œuvre sur le terrain ?

JB : C’est une question importante, car aujourd’hui, les gens pensent que l’urbanisme, c’est bien mais que c’est impossible (on a toujours des difficultés à faire passer des idées…). L’espace public doit être réaménagé en tenant compte du bien-être des usagersAprès avoir conçu un schéma directeur, la méthode consiste donc à tester ce que l’on propose en situation réelle.

Ainsi, on a mis en place des actions pilotes pour que les gens puissent témoigner de ce qui marche et de ce qui doit être amélioré. On ne définit aucun projet sans le mettre en pratique ensuite via ces opérations pilotes. Ces actions concernent par exemple la végétation (améliorer un traitement paysager), les pavillons, les quais ou les terrasses de bar. On voit, par exemple, si les gens préfèrent des chaises ou des bancs pour s’asseoir dans les parcs, etc.

Toutes ces actions à échelle réduite permettent de tester la faisabilité de l’idée directrice et répondent à une logique d’expérimentation. On obtient toujours des avis différents, mais on reste à l’écoute du ressenti des occupants du centre-ville (habitants, visiteurs) et on s’adapte, on s’ajuste. Ces opérations permettent également aux usagers de comprendre la logique qui est à l’œuvre dans le projet directeur.

ODU : Quelle est la place du design urbain dans votre réflexion ? Celle du mobilier, de l’éclairage ?

JB : Je trouve que la question du design urbain est centrale. Elle renvoie à la question de l’intégration. Le design urbain est un concept qui englobe beaucoup de choses : la végétation, les commerce, les voitures, les bâtiments, les parcs… Il faut comprendre que le centre-ville est une conjonction de paramètres, parmi lesquels figurent la végétation, le mobilier urbain et l’éclairage. Il faut concevoir ces projets comme un ensemble, ce qui sera beaucoup mieux qu’une simple addition.

Vue nocturne des gradins de la place Saint-Pierre à Toulouse

ODU : Enfin, dans votre allocution pour le Grand Prix de l’urbanisme 2011, vous dites que « la ville du futur n’a pas de forme » mais que le rôle de l’urbaniste est de « contribuer à sa formalisation ». Quelle est votre vision de la ville du futur ?

JB : C’est difficile à dire, mais aujourd’hui, on sait qu’il faut travailler avec la ville dans son ensemble, la ville ancienne et la ville moderne et il faut imaginer la ville du futur avec tous les changements corollaires : les modes de vie différents, les nouvelles formes de mobilité, de travail, de loisir, etc. Il faudra comprendre la ville dans un nouveau contexte, avec tous ces futurs changements.

Ce qu’il faut dire, c’est que la ville d’aujourd’hui est mieux que la ville d’il y a trente ans, et la ville d’il y a trente ans était mieux que celle d’il y a soixante ans. C’est donc une perspective progressive et progressiste.

Il faut bien aussi comprendre que dans la ville du futur, il va falloir changer notre méthode, parce qu’il y a vingt ans, on prenait le projet comme sujet de travail et on l’appliquait dans la ville. Dans la ville d’aujourd’hui, il faut bien sûr des projets qui soient innovants, mais ces idées tiennent compte des structures, des bâtiments, etc. On a déjà changé la méthode de travail et on va continuer de la changer.

Il y a enfin chaque fois des histoires et des objets différents : il faut tenir compte de la spécificité de chaque ville. Je pense que la ville ne cesse de s’améliorer et le futur d’être meilleur. À mon sens, notre travail d’urbaniste consiste à se focaliser sur les centres-villes car ce sont des centres symboliques et réels des métropoles.

> Article réalisé pour L’Observatoire du design urbain

L'Observatoire du design urbain, magazine édité par Marc et Caterina Aurel, propose des pistes de réflexion sur les usages de la ville.
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